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Cabaret Améthyste

Vendredi 30 novembre 5 30 /11 /Nov 19:12

Par Azalea et Sheina

Chapitre I : Bienvenue au cabaret.


Dans une rue populaire de la ville, une agitation inhabituelle laissait entrevoir un évènement que beaucoup semblaient attendre. Le cabaret Améthyste ouvrait enfin ses portes.

On pouvait déjà apercevoir une ruée de personnes tentant d’en franchir l’accès. Il fallait dire que l’évènement était de taille. Il s’agissait de la venue de jeunes et beaux garçons qui se voulaient d’offrir un spectacle hors du commun et inoubliable. Chaque soir, à partir de ce jour, hommes et femmes curieux et désireux de faire tomber la pression du travail venaient se délecter du spectacle qu’ils offraient.

Le bruit de la foule était incessant. Axel, un jeune homme aux cheveux brun foncé et aux yeux d’un bleu intense, était dans sa loge et pouvait entendre le brouhaha venant de l’extérieur. Il fallait dire que cela n’était en rien pour le mettre à l’aise. De nature introvertie, il n’était pas habitué à autant de monde. Pour une première soirée, cela promettait.

Mais bien vite, il sentit deux bras l’entourer en signe de réconfort. Fermant les yeux, il laissa la chaleur de ces bras l’apaiser un instant. Ce ne fut que lorsqu’il finit par se retourner qu’il plongea son regard dans les yeux vairons de son ami. Dieu qu’il pouvait aimer ce regard si particulier qui n’avait de cesse de le rassurer.

-         Hello mon cœur, reste zen ! S’exclama l’autre. Tu verras, tout se passera bien.

En disant cela, un grand sourire illumina son visage. Pourtant, Axel savait qu’il n’était pas plus détendu que lui.

      -    Comment peux-tu me parler comme ça, alors que tu n’es pas mieux que moi ?

      -    Ne me cherche pas mon grand, tu sais que ça ne t’a jamais amené rien de bon.

      -    Ah non, tu es sûr ?

      -    Tu me tentes mon cœur, ça ne se fait pas.

Axel lui sourit. Cela faisait longtemps qu’ils se connaissaient maintenant. Ils avaient fait leur première découverte importante ensemble, ils avaient compris, tout les deux, que leur avenir se  construirait autour d’eux deux et non l’un sans l’autre. Ils avaient également compris, que les sentiments qui les unissaient n’étaient pas liés qu’à une simple amitié. Après un nouveau sourire à son amant, il reprit la parole.

      -    Théo, dis-moi, dans quel ordre Youne a-t-elle décidé que l’on apparaîtrait ?

      -    Aucune idée, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle ne nous laissera pas nous reposer sur nos lauriers. C’est un vrai tyran.

Axel sourit. Théo était le seul à réussir ce rare miracle. Il était l’opposé de lui. Mais il l’aimait de tout son cœur, et ça, personne ne pourrait jamais rien y changer.  C’est alors que la porte de la loge s’ouvrit brutalement.  Une femme aux cheveux noirs coupés courts et aux yeux bleus électriques entra avec fracas. Immédiatement, Théo se sépara d’Axel. Se plaçant devant eux, cette femme à l’allure stricte parla.

      -    J’espère que vous êtes prêts car vous montez sur la scène en premier tout les deux.

      -    T’en fais pas, Youne.

      -    Je ne te permets pas Théo. Je suis votre chef et j’attends un minimum de respect.

      -    Bien patronne. Qui passe après nous ?

      -    Personne, les autres sont dans la salle à la disposition de tous. Vous serez donc les

           deux seuls sur scène. J’attends donc de vous que vous donniez le meilleur de vous.

Sur ce, elle sortit de la loge, laissant derrière elle les deux garçons encore plus stressés qu’ils ne l’étaient déjà.  C’est en silence, l’un  contre l’autre qu’ils attendirent le signal. De leur loge, ils entendirent la foule entrer. Youne venait de faire ouvrir les portes, il était donc neuf heures pile. Les cris et les paroles de la foule leur parvenaient quelques peu étouffés. Cinq minutes plus tard, la voix de Youne, amplifiée par le micro, leur parvint.

-         Je vous souhaite la bienvenue au Cabaret Améthyste. En ce lieu de divertissement, huit jeunes hommes se trouvent à votre disposition.

En cet instant, Axel et Théo sortirent de la pièce pour aller se placer derrière les rideaux de la scène. Leurs habits avaient été choisis avec soin par la femme. Celle-ci avait insisté pour que, lors de leur première apparition, ils portent tous des vêtements de cuir moulant. Cependant, seuls Axel et Théo devaient particulièrement attirer l’attention. En effet, ils portaient tout les deux, de hautes bottes de cuir s’arrêtant juste au-dessus des genoux avec un short court. Pour ce qui était de leur haut, ils portaient un tee-shirt moulant percées de toute part, de petits trous laissant entrevoir leur peau. Celui-ci était également décolleté et s’arrêtait au milieu de leur ventre. Pour fini, Youne avait insisté pour qu’ils portent des gants assortis. La seule différence était la couleur des leurs vêtements. Ceux d’Axel étaient de couleur bleu foncée, et ceux de Théo étaient de couleur améthyste. Autant pour s’accorder avec le nom du cabaret que pour s’accorder à la couleur bordeaux de ses cheveux. Ils furent bien vite rejoints par les autres garçons du club. Pour leur part, ils étaient vêtus d’une chemise blanche et d’un pantalon noir en cuir. Youne fit alors l’annonce.

-         Et voici ceux qui seront à votre disposition durant cette première soirée. Le premier d’entre eux se nomme Matthew.

Sur ce, un jeune homme d’une vingtaine d’années, à l’allure noble, aux yeux bruns et aux cheveux couleur miel noués en un catogan, passa derrière le rideau. Immédiatement, une huée de sifflement et de cris se firent entendre. Lorsque les sifflements se furent légèrement calmés, Youne reprit.

-         En deuxième, voici Maximilien.

A son tour, celui-ci passa derrière le rideau. Se plaçant aux côtés de Matthew, il souleva tout autant de sifflements que ce dernier. En effet, qui pouvait résister aux charmes de cet homme ? Agé de 25 ans, les cheveux noirs et courts, et les yeux couleur caramel, il n’avait rien à envier à son prédécesseur. Une nouvelle fois, Youne attendu que les sifflements se calment avant de reprendre.

      -    En troisième, voici Izumi.

Passant derrière le rideau, un garçon à l’allure fragile s’avança. Une cascade de cheveux miel entourait son visage fin et gracieux. Mais ce qui le rendait irrésistible était sans nul doute, la couleur de ses yeux. Profond comme un ciel d’orage, brillant comme la couleur des perles, le gris de ceux-ci pouvait faire chavirer bien des cœurs. Youne reprit ensuite la parole.

-         En quatrième, voici Taylor.

Encore une fois, l’un des garçons passa le rideau. Lorsque la foule se mit à siffler, ses joues s’empourprèrent légèrement, s’accordant ainsi à merveille avec la couleur d’or de ses cheveux. La profondeur de ses yeux lui aurait permis de soumettre le plus vicieux des hommes. En effet, son regard couleur océan ne pouvait qu’attirer l’admiration de tous.

-         En cinquième, voici Khilian.

La démarche un peu brutale, apparu alors un homme au charisme impressionnant. Son regard d’onyx vous faisait vous perdre dans la profondeur de son âme. Aussi noir que ses yeux, ses cheveux encadraient son visage de façon irréel. De ci de la, parmi ces cheveux pendaient de fines mèches bleu cobalt. Ajoutant ainsi à son charisme naturel une raison de plus de le respecter.

Les hurlements de la foule mirent du temps à se calmer, si bien que Youne dû s’y reprendre à deux fois avant d’avoir de nouveau toute l’attention.

-         En sixième, voici Loïc.

Cette fois, ce fut un jeune homme d’environ 18 ans qui se plaçait sur scène. Les cheveux bruns en bataille, faisant ressortir son caractère de racaille. Pour ce qui était de ses yeux, nul ne pouvait égaler la brillance de ses deux émeraudes remplies de défis.

C’est alors que la patronne reprit la parole.

-         Et pour finir, voici les deux derniers. Ceux-ci vont, pour votre plus grand plaisir, vous montrer leurs talents et leurs atouts.

Elle laissa alors un moment de silence, laissant languir les personnes qui se trouvaient dans la salle. Pendant ce court laps de temps, les six garçons étaient descendus de l’estrade afin de se mêler aux gens désireux de faire leur connaissance. Youne finit par reprendre.

-         Et voici à présent Axel et Théo !

Les lumières s’éteignirent alors pour laisser les feux de couleurs mauve et bleu se concentrer sur la scène .Les deux jeunes hommes passèrent alors le rideau, laissant la foule bouche bée devant ce qu’elle voyait.  Lorsqu’ils furent placés de part et d’autres de la barre, ils se firent faces. Ce fut Théo qui entama les hostilités, pliant la jambe avant de la passer autour de la barre, il baisa les yeux, regardant Axel d’un air provocateur. Lorsque sa jambe fut entièrement passée, il se cabra contre la barre, rejetant sa tête en arrière en faisant ainsi cascader ses cheveux. Relevant ensuite la tête, il tendit la main vers Axel. Celui-ci la prit sans hésiter avant de se joindre à la danse sensuelle de son amant. Ils enflammèrent alors la salle entière, les huées du public se firent de plus en plus nombreux, de plus en plus fort. Et plus la danse des deux hommes devenait charnelle et plus la foule criait haut et fort son approbation. Bientôt, les deux hommes se frottèrent l’un  à l’autre, ne laissant entre eux que la barre de métal qui leur servait à se tenir. La soirée se passait dans un ensemble de sifflement d’admiration et d’encouragements. Sans nul doute, Axel et Théo avaient capté toute l’attention du public. A eux deux, ils avaient assuré presque la totalité de l’ambiance. Alors que la soirée prenait fin, Théo décida de lancer le final de leur spectacle. En effet, il s’éloigna un instant d’Axel avant d’enlever son tee-shirt. Aussitôt, la foule se mit à siffler d’admiration. Il fallait dire qu’il était vraiment superbe. Ses cheveux bordeaux cascadant dans son dos. Quelques mèches s’étaient colée sur son front, humide de sueur. Voulant provoquer, comme Youne leur avait demandé, l’émerveillement du public, il s’approcha d’Axel avant de lui effleurer les lèvres en un baiser papillon. Juste après cela, les lumières qui éclairaient la scène s’éteignirent. Aussitôt, une ovation d’applaudissements emplirent la pièce. Les deux vedettes de la soirée se retirèrent alors pour se rendre dans leur loge. En effet,  ceux qui participaient au spectacle finissaient une heure environ avant les autres. Il fallait bien avouer que danser toute une soirée était très fatiguant. Pendant que les autres s’occupaient des clients pour le reste de la soirée, Axel et Théo entrèrent dans l’une des loges. Lorsque la porte de celle-ci fut refermée, Théo attrapa Axel qui le précédait avant de le retourner et de capturer ses lèvres en commençant à glisser l’une de ses mains dans son dos. Axel, doucement repoussa les avances de son petit ami. Cependant, Théo ne l’entendant pas de cette oreille, essayant de nouveau de capturer les lèvres de son amant. Mais juste avant que leurs lèvres n’entrent en contact, Axel tourna la tête. Théo se retrouva donc le visage plongé dans le cou de son amant. Axel prit alors la parole.

-         Non, s’il te plait, pas après ça.

-         Allez, je sais que tu en as autant envie que moi.

En disant cela, Théo posa l’une de ses mains sur l’entrejambe de son vis à vis. Sans vraiment s’en rendre compte, Axel poussa un gémissement. Pourtant, malgré l’envie qu’il ressentait, il se sentait sale de par son métier. Il repoussa donc une nouvelle fois Théo avant de lui dire, en baissant les yeux :

-         S’il te plait Théo, pas maintenant, pas juste après ce que l’on vient de faire.

Théo lui sourit avant de se reculer. Il prit alors le visage de son amant dans l’une de ses mains avant de l’obliger à relever la tête. Capturant alors les lèvres d’Axel tendrement, il voulut le rassurer.

-         D’accord, j’ai compris ne t’en fais pas. Aller, je vais prendre ma douche. Fais en de même avant de manger un bout et de te reposer.

Sur ce, il sortit de la pièce pour se rendre dans sa propre loge. Il se rendit immédiatement dans la salle de bain. Une fois sur place, il se déshabilla et entra sous la douche. Lorsque le jet d’eau chaude entra en contact avec sa peau, il frissonna. Pourtant, malgré ce soit disant bien être, une larme perla avant de rouler sur sa joue, se mêlant aux gouttes d’eau. Celle-ci vint mourir aux coins de ses lèvres. La réaction d’Axel le blessait, mais il ne voulait pas l’inquiéter ni l’attrister. Il se reprit donc, rejetant la tête en arrière, laissant ainsi l’eau se perdre dans sa chevelure flamboyante. Il passa ses doigts dans celle-ci avant de se mettre à se laver.

Pendant ce temps, l’heure de fermeture arrivait à grand pas. En effet, les clients sortaient maintenant par groupes. Et lorsque enfin les derniers individus furent sortis, Khilian, l’un des garçons du club, ferma la porte à double tour. Lorsqu’il fut certain que celle-ci était convenablement fermée, il s’étira avant de se retourner.

Décidément, Youne avait choisit de véritables beautés. Le spectacle des deux autres l’avait vachement excité, il se mit donc en chasse pour voir qui pourrait bien l’accueillir dans son lit cette nuit. Qui sait, peut-être allait-il faire plier son compagnon d’une nuit à ses petits jeux. Sur ce, il partit en quête d’une proie. Errant entre les loges, Il s’arrêta soudain devant l’une d’elles. Un sourire sadique se dessina sur son visage. Il entra alors dans la pièce. En la refermant, l’on vit le nom de Loïc inscrit sur la place de cuivre. Il se faufila alors jusqu'à la pièce d’eau adjacente. En entrant dans celle-ci, il vit derrière le rideau translucide de la douche un corps finement musclé et désirable. S’appuyant sur le chambrant de la porte, il se mit à attendre. Cinq minutes plus tard, Loïc coupa l’eau et sortit. Lorsqu’il vit que Khilian se trouvait dans la pièce, il sourit. Celui-ci s’avança vers lui avant de lui capturer les lèvres de manière assez brutale. Loïc lui répondit sans attendre. Ce n’était pas la première fois qu’ils le faisaient ensemble. Mais après chacun de ces coups tirés ensemble, ils se séparaient comme si de rien n’était. Ils ne cherchaient qu’un défouloir à la frustration. Khilian poussa alors Loïc sur le lit, mais lorsqu’il allait passer l’une se ses mains dans son dos, Loïc le rappela à l’ordre.

-         Fais attention, tu sais que Youne ne veut pas que l’on ait de marques.

-         Je serai sage, promis.

Sur ce, Khilian le fit lentement sien.
------------

 

Le lendemain matin, Théo se réveilla le cœur peiné. Soupirant, il s’étira avant d’aller déjeuner. Au début de leur contrat, Youne les avait obligés à dormir sur place. Lorsque quelques mois se seraient écoulés, ils pourraient, s’ils le souhaitaient aller vivre à l’extérieur du club, revenant le soir pour leur travail. Lorsqu’il arriva dans ce qui était la cuisine, il alla directement plonger la tête dans le frigo. Fronçant les sourcils, il referma la porte sans rien y prendre. Soupirant, il sursauta lorsqu’il entendit la voix d’Axel dans son dos.

-         Qu’est-ce que tu as Théo ?

-         Rien, pourquoi tu me demandes ça ?

-         Lorsque tu ne manges rien, c’est que tu ne te sens pas bien, je me trompe ?

Celui-ci détourna les yeux. Comment lui mentir à lui. Sans rien dire, Axel s’approcha avant de prendre le visage de Théo entre deux doigts, l’obligeant ainsi à plonger son regard dans le sien. Pourtant, Théo baissa les yeux. Axel captura alors ses lèvres tout en le prenant dans ses bras. Le jeune homme ferma alors les yeux en se laissant faire. Jamais il n’avait pu résister à Axel lorsqu’il le serrait aussi tendrement.Youne apparut alors dans la pièce. Elle leva un sourcil mais ne dit rien. Lorsque les deux garçons séparèrent leurs lèvres, elle prit tout de même la parole.

-         Je sais que vous êtes ensemble mais n’oubliez pas qu’aucune marque ne sera tolérée sur votre corps.

-         On le sait, ne vous en faites pas.

Sur ce, Théo sortit de la pièce. Il n’aimait pas quand Youne leur rappelait à quel point ils n’étaient qu’un simple morceau de chaire que l’on pouvait acheter à sa guise. Se rendant dans sa chambre, il mit ses chaussures, attrapa son portefeuille avant de le glisser dans la poche de son jean et mit sa veste. Il sortit ensuite du club. Il faisait beau en ce mois de décembre. Il faisait, certes, très froid mais le ciel était dégagé et les rayons du soleil apportaient à Théo le peu de chaleur qui lui permettait de réchauffer son cœur. Il avait réussi à semer Axel sans lui dire le pourquoi de son comportement, et ça, c’était un miracle lorsque l’on savait que celui-ci s’inquiétait toujours pour lui. Il marcha cinq minutes avant de prendre le bus. Une quinzaine de minutes plus tard, il descendit et fit environ 200 mètres. Il s’arrêta alors devant une maison un peu à l’écart des autres. La façade blanche réfléchissait le soleil qui donnait l’impression qu’elle rayonnait. Théo soupira avant de sortir de sa poche un trousseau de clef. Il introduisit l’une d’elle dans la serrure et l’ouvrit. Lorsqu’il fut entré, il se retrouva dans un couloir aux couleurs chaleureuses. Il s’avança sans bruit. Pourtant, lorsqu’il passa devant une porte, un cri retentit.

-         Théo !

Soupirant, le jeune garçon se tourna. Dans la pièce qui était en fait une cuisine, une femme à la noble allure se trouvait assise à une table. Elle était sous le choc de ce qu’elle venait de voir, ses yeux émeraude emplis de surprise. Lorsqu’elle reprit contact avec la réalité, elle se leva et courut vers le jeune homme, laissant flotter derrière elle ses longs cheveux d’un noir d’ébène. Elle le prit ensuite dans ses bras pour le serrer contre son cœur. Son fils était enfin rentré. Cela faisait plus de deux mois qu’il était partit sans donner de nouvelles. Théo, gêné de cette attitude, détourna les yeux.

-         Maman, s’il te plait.

-         Oh, pardon, mon grand. Mais je me suis tellement inquiétée.

Elle s’éloigna alors, le laissant respirer. Mais avant que le silence ne s’installe, elle lui prit le poignet et l’emmena dans la cuisine.

-         Viens, je vais te préparer un petit déjeuner digne d’un roi.

-         Mais maman…

-         Bon, alors je vais te faire un bon chocolat chaud maison. Tu adorais ça quand tu étais petit, tu n’arrêtais pas de m’en réclamer.

-         Maman…

-         Alors voyons… voilà. La casserole est sur le feu, maintenant je mets du chocolat, du lait, un petit carré de sucre. Tu l’as toujours préféré légèrement plus sucré que moi.

-         MAMAN !

Il avait fallu que Théo crie pour qu’enfin sa mère se retourne. Il soupira, détourna le regard et finit par parler.

-         Je suis désolé maman, mais je ne reste pas. Je suis juste venu chercher deux, trois affaires à moi. Tu sais que papa…

-         Qui appelles-tu encore « papa » ?

Aussitôt, le jeune homme se retourna. Devant lui, dans l’embrassure de la porte, se trouvait un homme à l’allure sévère. Ses Yeux, d’un bleu gris, avait la même couleur qu’un ciel d’orage. Il était d’ailleurs étonnant que ceux-ci ne lance pas d’éclairs. Ses cheveux, coupés court, étaient aussi noirs que ceux de sa femme. En voyant cet homme devant lui, Théo se redressa de toute sa hauteur, montrant ainsi qu’il n’était nullement impressionné. Un lourd silence s’installa, mais le jeune homme décida de le briser.

-         Papa je…

Il ne pu finir sa phrase. En effet, son père l’en empêcha en criant.

-         Je t’ai déjà dis de ne plus m’appeler ainsi, je ne suis plus ton père !

-         Mais quand vas-tu ouvrir les yeux ?

-         Ne me parle pas sur ce ton !

-         Je fais ce qu’il me plait. Si tu étais moins borné, tu verrais que ton attitude est insensée. Je ne nie pas être sous ton toi, mais ta réaction blesse les gens que tu aimes. Ne vois tu pas que ta réaction fait souffrir maman ?

-         Ne me mets pas en cause pour ton anormalité !

-         Anormalité ? Anormalité ? Je n’ai rien d’anormal !

-         Ah non ? Et ce que tu fais avec cette racaille aux cheveux bruns ? Ne crois tu pas que je ne n’ai jamais rien remarqué ?

-         Je ne me suis jamais caché. Et fais attention à ce que tu dis, Axel n’a rien d’une racaille.

-         Tu oses me réprimander sur mes paroles ! Ce que tu fais avec lui est abject. Comment peux-tu l’aimer, lui un homme ?

-         Ne revint pas là dessus, j’ai toujours préféré les garçons et ça ne change rien. Je te signale que cela fait deux mois que je suis parti maintenant.

-         Le fait que tu sois parti ne change rien, tu es anormal, et je suis révulsé du fait que tu sois mon fils.

-        

Théo baissa les yeux. Le ton n’avait cessé d’augmenter tout le long de cette conversation. Il avait essayé un nombre incalculable de fois d’expliquer à son père que l’homosexualité n’avait rien d’une tare ou d’un crime. Mais celui-ci ne voulait rien entendre, il l’avait d’ailleurs chassé de chez lui, ne lui laissant rien si ce n’est une énorme douleur au fond du cœur. Une nouvelle fois, il était profondément blessé par le comportement et les paroles de son père. Mais jamais il ne lui aurait avoué. Sans relever le visage, il parla alors comme pour lui-même.

-         Si je suis anormal qu’es-tu toi pour m’avoir engendré ?

Aussitôt, son père s’avança vers lui. Il abattit alors violement sa main sur la joue gauche de son fils. Celui-ci vacilla sous le coup mais ne broncha pas. Relevant les yeux, il plongea son regard dans celui de son père. Il ne pouvait y voir que de la colère et de la haine. Lui qui voulait le blesser exprès pour essayer de lui faire ressentir un peu de compassion c’était raté. Par ses paroles cinglantes, il avait voulu lui faire ressentir toute la peine qui lui enserrait le cœur. Mais quoi qu’il fasse cela ne le faisait jamais réagir de la bonne manière. Il se pressa alors dans le couloir, bousculant son père au passage. Il grimpa les escaliers quatre à quatre avant de pousser la première porte à gauche. Une fois dans sa chambre, il attrapa l’un de ses sacs avant d’y mettre ce qu’il était venu chercher. Un cadre photo sur lequel sa famille était réunie, un autre où il était seul avec Axel, un petit chien en peluche usé par le temps, son album photo, mais surtout, il était revenu pour son collier. Celui que son père lui avait offert à la naissance. Il était tellement fier d’avoir un fils qu’il l’avait fait faire spécialement pour lui. Le pendentif était un phénix qui tenait les initiales de son enfant dans chacune de ses serres. Un T et un K. Pour Théo Ki-Lin. En effet, son nom voulait dire Phénix en chinois. Lorsque tout cela fut dans son sac, il le ferma et descendit les escaliers. En passant devant la porte de la cuisine, il s’arrêta pour dire un dernier mot à sa mère.

-         Je suis désolé, maman.

C’est alors que son père lui cria dessus en se levant.

-         Ne remets plus jamais les pieds dans cette maison !

Sur ce, Théo quitta la maison de son enfance en claquant la porte. Une horrible douleur lui étreignait le cœur. Il décida de rentrer au club avec, pour seule consolation, les quelques objets qu’il avait récupéré. En effet, ceux-ci étaient tout pour lui. Le cadre où il était heureux avec sa famille, le collier qui était un cadeau de son père, le petit chien, un cadeau de sa mère, son album photo, mais surtout le cadre où il était avec Axel. Soupirant, il attendit le bus en silence. Le ciel s’était assombri. Et bientôt, quelques flocons de neiges vinrent mourir dans la coiffure flamboyante de notre ami. Le bus arriva enfin. Il soupira avant de monter dedans et de s’asseoir au fond. Le trajet du retour lui s’embla bien long. Lorsque enfin le club fut en vue, il poussa un soupir de soulagement. Entrant discrètement pour ne pas se faire repérer par Axel, il se rendit directement dans sa chambre. Lorsqu’il fut sur place, il ouvrit son sac pour en retirer ses affaires. Il commença par retirer le collier et l’album afin de les mettre dans son armoire. Il retira ensuite la petite peluche et la plaça sur son lit. Retirant ensuite les deux cadres, il plaça celui ou il était avec Axel sur sa table de nuit. Mais lorsqu’il prit en main celui ou il était avec sa famille, il vit que la photo avait été découpée. En effet, son père ne se trouvait plus dessus. Il sentit alors monter en lui une immense souffrance. Bien vite, la peine qu’il ressentit se transforma en une colère sans nom. Aussitôt, il claqua le cadre sur le lit avant de commencer à dévaster la pièce entière. Renversant les meubles, son bureau, lançant la chaise dans le grand miroir de la pièce. Il était hors de lui. Bien vite attitré par le bruit, ce fut Khilian qui arriva en premier. Lorsqu’il le vit, il essaya de s’approcher pour le calmer. Mais lorsqu’il lui attrapa le poignet, Théo se dégagea en lui envoyant son poing dans l’estomac. Aussitôt, Khilian recula. Mais alors qu’il allait riposter, une poigne de fer lui attrapa le bras. Se tournant, il vit qu’il s’agissait d’Axel.

-         Laisse, dit-il. Je vais m’en occuper. Il est violent quand il est comme ça. Je vous conseille de sortir de la chambre, tous.

Il avait finit sa phrase en se tournant vers les autres. Ceux-ci ne demandèrent rien et sortirent. Ils n’en étaient pas mieux curieux sur l’étrange comportement qu’avait Théo. Lorsque tout le monde fut sortit, Axel ferma la porte. Après quoi, il se tourna. C’est alors qu’il vit Théo chuter. Le jeune homme rattrapa son amant de justesse. Juste après, Théo s’accrocha à lui en pleurant toutes les larmes de son corps. Il avait tellement mal au cœur. Axel le serra doucement contre son cœur afin qu’il se calme. Cela prit plus d’une dizaine de minutes. Lorsque enfin les larmes de son amant se furent taries, Axel le prit doucement dans ses bras avant de sortir de sa chambre et d’aller dans la sienne. Une fois sur place, il le coucha sur son lit. Le jeune homme aux cheveux flamboyant plaça un bras au-dessus de ses yeux. Axel s’assit à ses côtés.

-         Qui a-t-il Théo ? Demanda-t-il. Je m’inquiète pour toi.

Le concerné garda le silence. Son amant ne le pressa pas. Il lui laissa le temps de se calmer. Il savait qu’il faillait toujours un peu de temps à Théo pour qu’il reprenne le contrôle de lui-même. En effet, après quelques instants, il inspira profondément avant de commencer à lui expliquer ce qu’il s’était passé.

-         Je suis retourné chez moi, dit-il.

Axel avait comprit immédiatement, il savait que la relation entre Théo et son père s’était dégradée de manière radicale lorsqu’il lui avait annoncé qu’il sortait avec Axel. Soupirant, celui-ci se pencha sur le visage de Théo avant d’écarter son bras et de déposer ses lèvres sur celle de son petit ami. Lorsqu’ils se séparèrent, Axel lui murmura quelques mots.

-         Je suis désolé Théo, tout ça c’est à cause de moi.

-         Non, c’est la faute de mon abruti de père, il ne m’a jamais compris.

Replaçant son bras sur son visage, Théo continua sur sa lancée, surtout pour lui-même.

-         Pourquoi a-t-il fallu qu’il coupe cette photo ?

A cet instant, Axel comprit de quelle photo il parlait. Lorsqu’il était allé pour la première fois dans la chambre se son ami à cet époque, il avait vu une photo de famille sur sa table de nuit. Cette photo comptait énormément pour le jeune homme. En effet, elle avait été faite une semaine avant qu’il ne soit jeté hors de chez lui. Axel vint alors se coller à Théo.

      -    Dors, je veille sur toi.

Néanmoins, il se jura en lui-même qu’il ferait tout pour pourvoir récupérer les négatifs afin de la refaire.

Publié dans : Cabaret Améthyste
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Vendredi 30 novembre 5 30 /11 /Nov 20:26

Par Azalea et Sheina

Chapitre II : Izumi, un jeune homme fragile.

 

Lorsque Khilian frappa à la porte de la chambre d’Axel ce matin là, il fut surpris de n’obtenir aucune réponse. D’habitude, le jeune homme était déjà levé et venait immédiatement lui ouvrir, mais pas cette fois. C’était la première fois que cela arrivait.

Khilian appréciait particulièrement Axel pour son côté calme qui le reposait et son sens de l’écoute. Jamais il n’avait failli à son rôle d’ami depuis qu’ils se connaissaient.

Alors, certain qu’il ne lui en voudrait pas pour cette initiative, il se permit d’ouvrir la porte et d’entrer. Ce qu’il vit le fit alors sourire. Dans les bras l’un de l’autre, Axel et Théo dormaient paisiblement.

Décidé à les taquiner un peu, il se dirigea vers une grande fenêtre et tira brusquement les rideaux, laissant le soleil pénétrer dans la pièce. Evidemment, cela eut l’effet désiré par Khilian et les deux amants furent forcés de sortir de leur sommeil.

-         Allez les deux tourtereaux ! Il est l’heure de se lever !

Aussitôt, deux regards menaçants le fixèrent.

-         Oh ! Pas de ça avec moi ! Je vous signale qu’on a un spectacle à répéter pour ce soir !

Evidemment, il avait raison, et ni Axel ni Théo ne trouvèrent quelque chose à répliquer. Ce fut un grognement provenant de Théo qui semblait un peu mieux réveillé qui lui répondit.

-         Khilian… Tu nous payeras ça… Je te le promets…

Le concerné ne pu s’empêcher de rire. A vrai dire, il était rassuré de voir que Théo allait beaucoup mieux que la veille. Il fallait dire que tous s’étaient inquiétés de le voir se mettre dans un tel état. Heureusement, tout semblait s’être arrangé pour le mieux.

Le cœur plus léger, il décida qu’il était temps pour lui de s’éclipser pour laisser le couple profiter encore un peu de leur intimité. Et puis, il y avait quelqu’un qu’il devait également voir de son propre côté…

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Une fois seuls, Axel se tourna vers son compagnon pour l’embrasser. Il aimait ces matins où il pouvait se réveiller à ses côtés. De la nuit, il avait senti Théo se blottir contre lui. Sans nul doute qu’après ce qu’il s’était passé avec sa famille, le jeune homme avait ressenti un certain besoin de réconfort. Lorsque leurs bouches se séparèrent, ils restèrent un moment dans les bras l’un de l’autre.

-         Sacré Khilian ! S’exclama Axel. Il n’en manque pas une !

-         On ne le changera pas !

Tout deux éclatèrent de rire. Khilian, malgré ses attirances particulières pour tout ce qui touchait au sadomaso, était le genre de personne qui avait un humour à toute épreuve. D’ailleurs, il s’entendait bien avec tout le monde et parvenait même parfois à arracher un sourire à Youne, ce qui était un exploit lorsque l’on connaissait le sérieux de leur jeune patronne. Cependant, s’il s’entendait bien avec tout le monde, il s’entendait également particulièrement bien avec certains. C’était d’ailleurs le cas avec Loïc. Leur petit jeu ne faisait l’office de secret chez aucun. Il fallait dire qu’ils ne cherchaient pas vraiment à se cacher. Pourtant, une ombre s’affichait tout de même au tableau.

-         Tu as vu Izumi dernièrement ? Demanda Théo.

-         Je le croise parfois, mais on ne parle pas beaucoup. Il semble ailleurs ces derniers temps.

Cela n’avait rien d’étonnant quand on connaissait les sentiments que ce dernier nourrissait à l’égard de Khilian. Malheureusement, ce dernier semblait aveugle à ceux-ci. Peut-être même était-il au courant mais ne pesait pas leur poids. Il ne cessait d’aller à droite et à gauche, laissant le jeune homme se tracasser. Même si Théo n’éprouvait aucune affection pour Izumi, il partageait le même avis que son amant sur le sujet.

-         Tu crois que Khilian s’apercevra un jour que quelqu’un tient réellement à lui ? reprit le brun.

Axel fit mine de réfléchir à la question, mais ne tarda pas à répondre.

-         Même si c’était le cas, je le vois mal changer de comportement. Il a toujours été comme ça. Je le connais depuis trop longtemps pour l’imaginer arrêter ces petits jeux.

Théo soupira.

-         Tu as sans doute raison.

Il était triste de voir Izumi souffrir. Mais au font, que pouvait-il y faire ?

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Prenant le temps de déjeuner, il entra dans la grande salle avec un plateau copieux. Il était tôt et presque personne n’était présent à cette heure. Personne sauf celui qu’il voulait voir. Le sourire aux lèvres, il se dirigea jusqu’à sa table et s’assit sans lui demander son avis. Aussitôt, une voix froide se fit entendre.

-         Qu’est-ce que tu veux ?!

Khilian soupira. Izumi n’avait pas l’air de bonne humeur.

-         C’est comme ça que tu m’accueilles ? Je m’attendais à un peu de tendresse venant de celui qui fait battre mon cœur…

C’était dit sur un ton ironique, mais cela ne sembla pas plaire à son vis-à-vis qui se leva avec son propre plateau pour changer de table. Pourtant, Khilian ne voulait pas s’avouer vaincu. Il l’imita.

-         Arrête de jouer les enfants, Izumi !

Un regard noir lui répondit.

-         C’est toi qui oses me dire ça ? Tu as un sacré culot !

-         D’accord, je retire ce que je viens de dire, mais de ton côté, essaye de calmer un peu tes nerfs ! Je voulais juste passer un bon moment avec toi.

-         Moi pas !

A ces mots, Khilian sentit la colère monter peu à peu en lui. Il faisait des efforts pour passer un peu de temps avec lui et il devait supporter la colère du jeune homme. C’était tout simplement un élément désagréable à ajouter à tant d’autres qu’il n’hésita pas à rappeler.

      -     Tu m’empêches de dormir avec toi, je ne peux pas te toucher, je ne peux même pas

             t’embrasser ! Et maintenant, tu me fais la tête ! J’en ai assez de tout ça ! Tu pourrais

             faire un effort de temps en temps et penser un peu plus à quelqu’un d’autre que ta

             petite personne !

C’en était trop pour Izumi. Comment pouvait-il oser lui parler de la sorte après la façon dont il s’était comporté la veille. Fatigué et à bout de nerfs, il jeta le contenu de son verre au visage de Khilian.

-         Dans ce cas, tu n’as qu’à demander à Loïc ce que je suis incapable de te donner !

Sur ces simples paroles, il quitta la pièce, le laissant seul.

De son côté, Khilian venait de comprendre son erreur. Il avait blessé Izumi sans aucun remord de conscience. Comment avait-il pu lui parler de la sorte ? Ce qu’il pouvait être idiot lorsqu’il s’y mettait ! Déjà que son approche était difficile avec le jeune homme qui ne manquait jamais une occasion de se brusquer, mais cette fois, il l’avait directement fait fuir.

------------

 

Alors qu’ils venaient de sortir de leur chambre, Axel et Théo virent Izumi marcher d’un pas rapide, signe de sa colère apparente, avant de foncer au milieu d’eux et de le bousculer.

-         Ca te prend souvent ?! S’exclama méchamment Théo.

Mais le concerné fit mine de n’avoir rien entendu et continua son chemin. Théo fulminait littéralement de rage. Décidemment, il détestait vraiment ce gamin qui faisait, selon lui, des caprices à tout bout de champ. Il fut d’ailleurs sur le point d’aller le trouver pour lui faire part de ce qu’il pensait de son attitude, mais il sentit une main le retenir par l’épaule.

-         Laisse-le, il a besoin d’être seul.

Axel qui venait de prononcer ces paroles comprenait tout à fait Izumi et se doutait pertinemment qu’il ne s’agissait pas de caprices comme le pensait son amant. Non, c’était beaucoup plus profond que cela. Pourtant, il savait également que tenter de le raisonner dans ses moments de colère ne servirait à rien. Il fallait le laisser se calmer.

Cependant, Théo semblait toujours aussi vexé.

-         Je ne comprends pas pourquoi vous subissez tous ses caprices sans broncher ! Personnellement, ça me met hors de moi ! Reprit-il de plus belle.

Alors, Axel tenta de lui expliquer du mieux qu’il pu.

-         Tu sais, ça ne doit pas être facile pour lui de rester ici avec nous. Youne a accepté de le recueillir on ne sait pour quelle raison, et je doute fortement que cette dernière soit agréable à entendre. Sans parler de Khilian qui se conduit mal à son égard. Je ne sais pas vraiment ce qu’il se passe entre eux, mais cette histoire me semble plus compliquée qu’on ne l’imagine.

La moue boudeuse de Théo sembla peu à peu disparaître au fur et à mesure des paroles prononcées par Axel pour laisser place à un sentiment de compréhension. Après tout, il était bien placé pour savoir qu’il était parfois difficile de contrôler ses élans de colère. Pour sa part, il avait trouvé quelqu’un qui savait le rassurer et le calmer dans ses moments difficiles. Izumi, lui, était apparemment seul.

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En entrant dans sa chambre, le jeune homme claqua la porte derrière lui. Ce qu’il pouvait détester le comportement que Khilian adoptait depuis quelques temps. Il n’avait de cesse de venir vers lui avec ses grands sourires en pensant que cela suffirait à effacer toutes les fois où il couchait avec quelqu’un derrière son dos. Même si leur relation était compliquée et qu’il ne se passait pratiquement rien entre eux, il ne se gênait pas pour le tromper. Ca, il ne pouvait tout simplement pas le supporter.

Sur cette pensée, il se laissa tomber sur son lit, ses cheveux couleur miel éparpillés autour de son visage et des larmes menaçant de couler de ses yeux aussi gris qu’un ciel orageux. Ce qu’il pouvait détester cette douleur qui lui étreignait le cœur. Elle lui était si insupportable.

Il se sentait fatigué. Fatigué de toujours devoir courir après quelqu’un qui ne l’aimerait sans doute jamais comme lui l’aimait. Mais il devait continuer à faire comme si tout allait bien. Il ne voulait pas que qui que ce soit soit au courant de ce qu’il tentait par tous les moyens de cacher. Ce fut sur cette pensée qu’il laissa le sommeil le gagner peu à peu. Il fallait dire qu’il n’était pas parvenu à dormir la nuit dernière.

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Lorsqu’ils arrivèrent dans le grand hall, leur regard se posa immédiatement sur Khilian, assis à une table, pensif. Aussitôt, ils comprirent tout deux qu’il venait une nouvelle fois de se disputer avec Izumi. Pire, ce dernier semblait lui avoir joué un mauvais tour vu son t-shirt trempé.

-         On peut s’asseoir ?

Axel venait de poser cette question sans plus de formalités. Khilian lui fit un signe de tête, indiquant ainsi qu’il n’y voyait aucun inconvénient.

-         Ca n’a pas l’air d’aller, dit Théo.

Le concerné leva son regard vers lui et ils purent y lire toute la détresse du monde. Qu’avait-il bien pu se passer entre Izumi et lui pour qu’il se mette dans un tel état ?

-         Ce n’est rien, répondit Khilian d’une voix calme. J’ai l’habitude…

-         D’accord.

Théo comme Axel ne préférèrent pas insister davantage, voyant que celui qui se tenait en face d’eux ne semblait pas vouloir leur confier ses soucis. Ils mangèrent donc en silence.

Environ une demi-heure plus tard, Khilian se leva brusquement.

-         Il nous reste cinq minutes pour rejoindre la scène pour les répétitions !

Ces mots firent l’effet d’une bombe sur les deux autres qui se levèrent à leur tour. S’ils ne se dépêchaient pas, ils allaient être en retard, et ils savaient pertinemment qu’avoir Youne sur le dos n’avait rien d’amusant. Leur patronne mettait un point d’honneur à ce que tous respectent les règles et en particulier les horaires du cabaret. Ainsi, les trois jeunes hommes reportèrent leur plateau avant de sortir de la pièce en courant.

Lorsqu’ils arrivèrent au lieu voulu, Youne semblait de fort mauvaise humeur.

-         C’était du juste ! Encore un peu et vous étiez en retard !

-         Mais ce n’est pas le cas ! Protesta immédiatement Théo.

C’est alors que son expression passa brusquement de la colère à l’étonnement.

-         Izumi n’est pas avec vous ?

-         Non, répondit simplement Axel. Il avait l’air fatigué quand nous l’avons croisé ce matin.

-         Il n’est jamais en retard d’habitude. Je vais le chercher !

Alors qu’elle leur tournait déjà le dos pour se diriger vers la sortie, une main la retenue par le poignet.

-         Je vais aller le chercher moi-même ! Se justifia Khilian sur un ton qui ne laissait aucune place à la moindre réplique.

-         Très bien, mais soyez tout deux présents très vite ! Je ne tolérerais pas que vous profitiez de vos places favorables au sein de mon établissement pour vous reposer sur vos acquis !

A ces mots, Axel tiqua, mais Théo posa une main sur son épaule lui faisant comprendre qu’il ne servirait à rien de s’énerver contre elle. Cela ne changerait rien à la situation. Il était conscient de ce que pouvait ressentir son compagnon. Combien de fois ne l’avait-il pas consolé après un spectacle ? Il se sentait tellement sale par moments.

Le bruit d’une porte que l’on claque le fit revenir à la réalité.

-         Commençons les répétitions ! S’exclama la femme d’un ton froid. Loïc et Matthew, montez sur la scène !

Les répétitions débutèrent ainsi, dans une atmosphère gênante.

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Lorsqu’il arriva devant la porte de la chambre d’Izumi, il hésita entre frapper ou entrer directement. Il se décida finalement à frapper. Cependant, aucune réponse ne lui parvint. N’étant pas dupe, Khilian était bien décidé à parler au jeune homme. Mais il ne voulait pas s’immiscer sans prévenir dans son intimité.

-         Izumi, je sais que tu es là, ouvre !

Toujours pas de réponse.

-         J’ai à te parler !

Une nouvelle fois, ce fut le silence qui lui répondit.

-         Très bien, dans ce cas j’entre.

Mais à peine eut-il posé la main sur la poignée de la porte qu’une voix faible lui répondit.

-         Je ne veux pas te voir !

-         Mais moi si !

-         N’insiste pas !

Khilian ne voulait pas céder. Ce serait trop facile de laisser Izumi fuir à chacune de ses tentatives pour aller vers lui. Cette fois, il l’obligerait à lui faire face, il lui forcerait un peu la main.

-         J’entre !

Il fit quelques pas dans la pièce, cherchant le jeune homme du regard. Ce qu’il vit alors lui étreignit le cœur. Izumi était assis à même le sol, les genoux repliés contre sa poitrine et ses bras les entourant. Khilian voulu s’approcher de lui, mais il fut rapidement stoppé dans son geste.

-         Ne m’approche pas !

L’angoisse était palpable dans sa voix et il était hors de question pour Khilian de le mettre plus mal à l’aise qu’il ne l’était actuellement. Il lui était déjà arrivé une ou deux fois de le voir dans cet état. Même si cela arrivait rarement, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Alors doucement, il recula de quelques pas, mettant entre eux une distance qu’il jugea rassurante pour le jeune homme. Au bout de quelques secondes, il décida de s’asseoir par terre afin d’être à la même hauteur que son vis-à-vis.

-         Qu’est-ce qu’il se passe, Izumi ?

Le concerné posa les yeux sur lui, signe qu’il l’avait entendu. Néanmoins, il resta muet.

-         Ce n’est pas la première fois que je te vois ainsi. Quelque chose te tracasse et tu n’oses pas m’en parler ?

Mais rien n’y faisait. Le jeune homme restait dans un mutisme inquiétant. Dans ces moments-là, Khilian ne savait plus quelle était la meilleure façon de se comporter avec lui. A chaque fois, il cherchait par tous les moyens à le rassurer, mais en vain. Mais après tout, peut-être que ce qu’il désirait au final était qu’on le laisse tranquille.

-         Tu as peut-être simplement envie de rester seul, dit-il. Je vais m’en aller. Je peux tout à fait comprendre que tu ais besoin de parfois faire le point.

Sur ces mots, il se leva alors, prêt à sortir de la chambre. Mais c’est alors qu’il sentit quelque chose le retenir. A sa grande surprise, il vit que c’était la main d’Izumi qui tenait la manche de sa veste.

-         Pars pas.

Deux simples mots prononcés par une voix fragile, prête à se briser. Deux mots qui avaient tant de sens. Izumi lui demandait de rester à ses côtés. A cet instant, il avait l’air d’un enfant apeuré. Jamais il n’aurait un jour le courage de le laisser.

Voyant que le jeune homme semblait avoir diminué la distance qui les séparait, il tenta le tout pour le tout et le prit dans ses bras. Au début, il le sentit se crisper, mais peu à peu, il finit par se détendre et se laisser aller à l’étreinte.

Ils restèrent quelques minutes ainsi, Khilian serrant le corps fatigué de son protégé contre lui. Il finit cependant par mettre fin à ce moment partagé entre eux pour prendre le visage d’Izumi entre ses mains. Il s’aperçut alors que des larmes coulaient le long des joues de celui-ci.

-         Je ne te laisserai jamais, Izumi. Je te le promets.

Il ne pu s’empêcher de prononcer ces mots. Apparemment rassuré, Izumi enfuit sa tête dans le creux de son épaule et éclata en sanglots. Pour la première fois, il laissait exploser sa peine. Il pouvait enfin se libérer de cette douleur qui ne cessait de lui serrer le cœur de jour en jour. Même s’il savait qu’elle reviendrait bien vite, il ne pouvait pas s’empêcher de se sentir bien dans ses bras.

-         J’ai encore fait un cauchemar, dit-il.

Khilian ne s’attendait pas à cette révélation. C’était la première fois qu’il lui en faisait part.

-         Tu veux en parler ? Demanda-t-il alors.

Mais Izumi garda le silence. S’il lui avait révélé la cause de son angoisse, il n’était apparemment pas encore prêt à en parler. Il le rassura immédiatement.

-         Ne t’inquiètes pas, je comprends.

-         Je suis désolé, répondit le jeune homme.

-         Tu n’as pas à t’excuser. Prends tout ton temps, et quand tu te sentiras prêt, tu m’en parleras.

-         Merci…

Sur ce, Khilian serra fort Izumi contre lui, profitant de sa présence dans ses bras. Il ne voulait plus le lâcher de peur de le voir disparaître. Malgré son comportement qui n’avait rien d’exemplaire, il tenait beaucoup au jeune homme et craignait par-dessus tout de le perdre un jour. Lorsqu’il sentit le corps d’Izumi s’affaisser de tout son poids, il comprit qu’il venait de s’endormir. Ne voulant pas le réveiller, il le souleva doucement pour aller le déposer dans son lit. Là, il le recouvrit des couvertures avant de se pencher à la hauteur de son visage. Son regard se posa sur ses lèvres qui l’attiraient inexorablement. Cependant, il ne voulait pas se permettre de lui voler un baiser sans qu’il ne le sache. Il voulait que ce moment soit partagé. Alors, il l’embrassa sur le front et caressa délicatement sa joue avant de se relever.

En sortant de la chambre, il l’admira une dernière fois comme pour graver son image dans son esprit.

Sur ce, il repartit en direction de la salle de répétition. Tant pis s’il se faisait engueuler par Youne, le sommeil et la santé d’Izumi passait avant ses stupides répétions. C’est donc la tête haute qu’il se dirigea vers les autres sans crainte la moindre punition, aussi douloureuse soit elle.

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Du côté des répétitions, rien n’allait comme le voulait Youne. Matthew ne cessait de râler et d’accuser Loïc de mal faire les choses. Evidemment, loin d’être sourd à ces accusations, celui-ci se défendait en prétendant que Matthew n’était qu’un sale gosse de riche qui n’en faisait qu’à sa tête. Il fallait dire qu’il n’avait pas tout à fait tort. D’une famille de milliardaire, Matthew avait toujours eu tout ce qu’il désirait. Automatiquement, il se comportait comme un enfant capricieux à qui on ne pouvait rien refuser. Loïc, lui, était tout le contraire de Matthew. Jamais il n’avait eu la chance d’avoir des parents qui lui faisaient plaisir à longueur de temps. Non, son enfance, il l’avait passé dans la rue, loin du moindre confort. Mais c’était sa façon de se comporter qui en avait pâti. A force de devoir voler et se défendre pour vivre, il s’était bâti une attitude de vrai voyou. Il ne supportait tout simplement pas le moindre reproche et se mettait donc très rapidement en colère.

C’est pourquoi, lorsque Khilian revint, il fut la cible de la colère de Youne, hors d’elle-même.

-         J’espère que tu as bien pris ton temps ! En plus de devoir supporter certains imbéciles qui ne savent pas se comporter avec un minimum de savoir-vivre, je dois également supporter certaines absences aux répétitions ! Où est Izumi ?! Je croyais que tu devais aller le chercher !

Khilian prit sur lui pour garder son calme. Cette femme était une vraie mégère lorsqu’elle s’y mettait.

-         Il ne se sentait pas bien, j’ai préféré le laisser se reposer.

Il sentit le regard inquiet d’Axel se poser sur lui. Etant également au courant des crises dont pouvait être victime Izumi, il savait pertinemment que celui-ci n’allait pas forcément bien.

Youne soupira, mais elle ne dit rien concernant le sujet, préférant se préoccuper de ce qu’elle jugeait plus important à ses yeux.

-         Très bien, on reprend les répétitions ! Ordonna-t-elle.

Khilian s’assit aux côtés des autres et resta silencieux jusqu’à la fin des répétitions. Izumi absent, il ne pouvait pas travailler. Sans partenaire, c’était tout simplement impossible. Cependant, ce n’était pas ce qui le tracassait le plus. Vu son état de détresse, le jeune homme lui cachait quelque chose d’important et il se devait de trouver un moyen de l’aider à en parler. Cependant, il savait que cela ne s’annonçait pas simple.

Publié dans : Cabaret Améthyste
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Mercredi 13 février 3 13 /02 /Fév 16:46

Par Azalea et Sheina
Chapitre III : Journée et soirée mouvementées.

 

Rien n’allait comme Youne le voulait. Ils répétaient depuis ce matin et le résultat était plus que médiocre. Les garçons étaient en sueurs. Ils étaient tous fatigués et courbaturés de partout. Pourtant, bien que l’heure de midi était plus qu’entamée, elle ne les laissait pas souffler.

A nouveau, alors que Taylor chutait pour la énième fois, Youne se mit à crier de plus belle.

-         Mais qu’est ce qui vous prend ?! Je ne vous ai jamais vu comme ça ! Il est hors de question que vous vous reposiez ou que vous alliez manger tant que le spectacle de ce soir ne sera pas prêt ! Taylor, sers-toi de la barre et tu ne tomberas plus aussi bêtement, qu’as-tu donc dans la tête ?

Aussitôt, le jeune homme baissa les yeux. Voyant la tristesse sur son visage, Maximilien décida de réagir face à la cruauté de leur patronne.

-         Voyons madame, si vous nous laisser souffler quelques minutes, je suis convaincu que tout le monde serait remis d’aplomb et que tout se passerait alors pour le mieux.

Il n’était pas rare de le voir défendre les autres. Quoi de plus normal pour lui, le plus âgé du groupe ? Il fallait dire qu’il était un peu considéré comme à l’égal d’un grand frère par les autres membres du groupe. En réponse à ses paroles, Youne le regarda sévèrement.

-         Je déciderai moi-même de vous laisser vous reposer et ce sera uniquement lorsque vous le mériterez. Pour l’instant, contentez-vous de faire ce que je dis !

Sachant qu’il ne servirait à rien de protester davantage, les garçons reprirent alors leur entraînement. Lorsqu’une heure s’écoula depuis, Taylor s’écroula de nouveau. Aussitôt, Youne se remit à crier.

-         Qui t’a permis de te reposer ? Reprend immédiatement !

Cette fois, ce fut au tour de Loïc de remettre en cause l’autorité de leur patronne.

-         Laissez-nous souffler ! Il est 14 h et cela fait 5 h que nous enchaînons les pas. De plus, vous ne nous avez même pas laissé le temps de manger ce midi, nous sommes crevés !

Laissant son regard se promener sur tous les garçons, Youne du bien admettre qu’ils n’étaient pas au meilleur de leur forme. Essoufflés, couverts de sueur et plus pâles les uns que les autres, il n’y avait pas l’ombre d’un doute sur leur état.

Leur tournant alors le dos, elle prit la parole.

-         Très bien, mais j’exige une perfection totale pour la représentation de ce soir. Théo, Axel, ce sera encore à vous d’être sur scène aujourd’hui.

Alors qu’ils soufflaient enfin, la voix de la jeune femme se fit de nouveau entendre pour le plus grand malheur de Théo.

-         Je n’en ai pas fini ! L’un d’entre vous mérite une punition pour sa colère inacceptable. Pour être certaine que vous me comprenez bien, je veux que vous restiez ici pendant qu’il reçoit sa punition.

Voyant qu’elle avait l’attention de chacun, elle reprit.

-         Axel, attache les poignets de Théo aux deux barres.

A ces mots, celui-ci devint blême. Tournant le regard vers Théo, il le vit regarder Youne avec détermination et défi. Il reconnaissait ses fautes et acceptait la punition, cela ne faisait aucun doute. Souriant légèrement à son amant pour le calmer, Théo se plaça de lui-même entre les deux barres. Youne donna alors deux sangles de cuir à Axel afin qu’il attache les poignets de son ami. Alors qu’il s’apprêtait à le lier, Youne le stoppa dans son geste.

-         Attends, Théo ! Retire ton tee-shirt avant.

Le concerné s’exécuta. Une fois attaché, Axel recula. Khilian vint alors se placer à ses côtés afin de le soutenir moralement.

-         Pour t’être laissé à la colère, reprit Youne, tu recevras vingt coups de fouets, et j’espère que cela te servira de leçon, à toi et à tous les autres.

Sans une autre parole, elle abattit violement  la lanière de cuir sur le dos du jeune homme. Celui-ci serra les dents. Mais au fur et à mesure que les coups tombaient, sa respiration devenait de plus en plus chaotique. On pouvait déjà voir sa peau devenir rouge. Au huitième coup, un gémissement de douleur passa entre les lèvres closes du jeune homme. Au dixième coup, un fin filet de sang s’écoula de sa lèvre transpercée par ses dents.  Au douzième coup, un râle plus fort se fit entendre tandis qu’Axel tremblait de tout son corps. Le treizième coup tomba. Au hurlement de son amant, il craqua définitivement et se mit à hurler.

-         Arrêtez, vous allez le tuer !

Youne laissa son geste en  suspend. Se tournant vers Axel, elle lui parla d’une voix froide et cruelle.

-         Peut-être veux-tu toi aussi prendre des coups pour m’avoir désobéi ?

Aussitôt, La voix de Théo se fit entendre.

-         NON ! Il n’a rien fait. Laissez-le.

-         Théo…

-         Non, Axel. Arrête.

-        

-         Bien, je vois que tu as compris, reprit Youne. Mais pour ton intervention, il recevra cinq supplémentaires !

-         Non !!

-         Axel, c’est bon, calme toi. Je vais bien.

Un lourd silence envahi la pièce. Youne en profita pour reprendre là où elle s’était arrêtée. Quatorzième coup, un râle, quinzième coup, un autre gémissement, seizième coup, un hurlement, dix-septième, dix-huitième, des hurlements à glacer le sang. Au dix-neuvième, Théo ne pouvait plus contrôler les larmes qui coulaient à présent lentement le long de ses joues. Son corps tremblait sans discontinu. Le vingtième coup finit enfin par tomber.

Youne s’arrangeait toujours pour que le fouet frappe un nouvel endroit de la peau du jeune homme. Elle ne voulait en rien le marquer à vie. Au vingt-et-unième coup, on pouvait observer Axel pleurer en même temps que Théo. Les hurlements déchirants de celui-ci étaient insupportables pour le jeune homme brun. Les quatre derniers coups furent les plus durs. Lorsque enfin le dernier claquement du cuir retenti. Youne enroula le fouet avant d’appuyer davantage sa supériorité à travers ses paroles.

-         J’espère que cela vous servira de leçon. Théo, cela ne te dispense en rien de travailler ce soir.

Sur ce, elle partit sans un dernier regard pour les jeunes hommes. Aussitôt, Axel se précipita avec Khilian pour détacher Théo. Lorsque le jeune homme fut à genoux. Axel prit son corps tremblant dans ses bras, tentant au mieux de le réconforter de sa présence, mais aussi de s’excuser.

-         Je suis désolé, dit-il, tout ça c’est de ma faute. Je suis désolé Théo, tellement désolé.

Posant une main sur les joues humides de son amant, Théo lui sourit tendrement.

-         Ce n’est en rien ta faute, c’est moi qui n’ai pas respecté les règles.

Avant qu’Axel puisse réagir, Théo l’embrassa, les autres s’étant mystérieusement éclipsés de la salle.

L’aidant alors à se relever, ils se dirigèrent tant bien que mal vers les cuisines afin de manger quelques choses. Axel s’occuperait ensuite de mettre des essuies mouillés et froids sur le dos de son ami afin de le soulager. Il allait avoir énormément de mal pour assurer son service ce soir. Axel comme Théo en avaient pertinemment conscience.

Somnolant tranquillement, Théo essayait de se concentrer sur la main de son amant passant dans ses cheveux afin d’oublier la douleur de son dos. C’était douloureux certes, mais pas autant que la douleur qui lui enserrait le cœur à l’instant. Si son père ne l’avait pas rejeté, jamais il n’aurait eu à venir ici. Jamais il n’aurait eu à accepter ce travail et donc ces règles plus qu’affligeantes.  S’il avait encore eu une maison, un endroit où se rendre, il aurait pu partir et fuir les coups de cette femme sans scrupule. S’il avait seulement pu partir d’ici, il l’aurait fait, mais jamais en laissant Axel derrière lui. Il l’aimait énormément et ça, même son père ne pourrait pas lui retirer ce sentiment.

 

Sur ce, le temps passa. Arriva bien vite l’heure du spectacle.

Juste avant l’ouverture, Youne était passée dans la loge des différents garçons afin de bien leur rappeler qu’elle ne tolérerait aucune excuse pour se défiler. Aussi, ils savaient qu’importe ce qu’ils diraient, ils n’échapperaient pas à la représentation de ce soir. Ce fut sur cette pensée qu’ils enfilèrent tous leur tenue de soirée.

Essayant de cacher tant bien que mal la douleur de son dos, Théo sera les dents lorsque le cuir vint se coller à ses blessures. Il ne laissa pourtant rien paraître, craignant d’inquiéter son compagnon. Mais alors qu’ils se dirigeaient tout deux vers la scène, il fut prit d’un vertige et dû se retenir au mur. Axel le regarda immédiatement, une lueur d’inquiétude brillant dans ses yeux.

-         Ce n’est rien, tenta de lui expliquer Théo.

Mais Axel n’était pas dupe. Il savait que son compagnon souffrait. Aussi, il sentit la colère le gagner. Il n’était pas question de laisser cette femme avoir le dernier mot cette fois.

-         Nous ne ferons pas le spectacle se soir ! S’exclama-t-il plus déterminé que jamais.

Théo, voyant la colère de son amant, n’essaya même pas de l’en dissuader. Ce serait tout simplement peine perdue.

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Alors que Youne annonçait l’entrée en scène des deux étoiles de ce soir, elle s’aperçu rapidement que personne ne venait. S’excusant au micro, elle se rendit ensuite, folle de rage, vers les loges des deux insolents. En chemin, elle les trouva tout deux au milieu du couloir. Immédiatement, elle se mit à crier.

-         Mais que faite vous donc là ?! vous devriez être sur scène ! Votre impertinence risque de vous coûter fort cher !

Aussitôt, Axel se laissa submerger par sa colère. Ce fut d’une voix aussi froide que cassante qu’il lui répondit.

-         Si vous aviez eu la clairvoyance d’esprit de ne pas le frapper de cette manière, il aurait pu faire ce travail répugnant que vous nous imposez !

Indignée, Youne réagit au ton et aux paroles que le jeune homme venait d’employer à son égard.

-         Ne me parle pas de cette manière ! A qui penses-tu t’adresser ?!

En répartie, les mots d’Axel se firent encore plus insolents qu’ils ne l’avaient été.

-         A la tôlière d’un bordel qui, sans notre présence en ces lieux, ne serait plus rien.

Sur ce, il la laissa choquée, prenant un Théo brûlant de fière dans ses bras, pour le ramener dans leur loge.

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Pendant ce temps, Matthew enfilant son costume de salle, stoppa tout geste lorsque la porte de sa loge s’ouvrit avec fracas. Dos à celle-ci, il commença à s’énerver.

-         Faut même plus se donner la peine de frapper aux portes ici !

-         Change-toi immédiatement, tu assures le spectacle de ce soir avec Loïc.

-         Et si je ne suis pas d’accord ? Je n’ai aucune envie de partager la scène avec un tel bâtard.

Ce fut à ce moment que Loïc arriva. Changé, il était prêt pour attendre les nouvelles instructions de Youne. Mais ayant entendu les douces paroles de ce Matthew qu’il ne supportait pas, il ne pu s’empêcher de répliquer quelques mots pour le remettre à sa place.

-         Surveille ton vocabulaire !

Aussitôt, une lueur de moquerie s’alluma dans le regard de Matthew.

-         Tu sembles oublier à qui tu t’adresses.

-         Pas du tout, je m’adresse bien à un fils à papa profitant de l’influence de son père pour se permettre de dresser contre les autres alors qu’il n’est qu’un moins que rien !

A l’entente de ces mots, Matthew se retourna, voulant frapper celui qui venait de lui manquer autant de respect. Youne décida d’intervenir pour mettre fin à ce qu’elle jugeait être des enfantillages.

-         Pas le temps pour vos singeries ! Dit-elle. Montez immédiatement sur scène !

Elle sortit ensuite de la pièce, tandis que Matthew passa à côté de Loïc sans oublier de lui murmurer quelques mots cinglants.

-         Tu ne sais pas de quoi tu parles. La prochaine fois que tu tiens de tels propos à mon sujet, tu ne perds rien pour attendre.

Sur ce, il le bouscula avant de sortir à son tour.

------------

 

Dans la salle, le public commençait à s’impatienter. Ce fut d’ailleurs sous un tonnerre d’applaudissements que les deux jeunes garçons furent accueillis sur scène. Ne voulant pas faire patienter d’avantage la foule venue les admirer, ils commencèrent immédiatement à danser.

Ce fut Loïc qui attaqua le premier. Passant derrière Matthew, il décida de le provoquer en tournant autour de lui sensuellement afin de faire monter la température de la salle.

Tout au long de cette provocation, Matthew, ne le lâcha pas des yeux. Après un dernier tour, Loïc attrapa le chapeau que son vis-à-vis portait et l’envoya valser dans la salle. Souriant sadiquement, il voulu ensuite saisir  les épaules de son aîné, mais celui-ci  tourna et arriva à le coincer contre la barre. A cet instant, il commença à frotter son bassin contre celui de jeune homme. S’en suivit immédiatement des sifflements de satisfaction venus de la foule. Faisant valser la chemise de Loïc, Matthew relâcha un moment son attention, pensant être le vainqueur de leur petite guerre. Néanmoins, pour Loïc qui avait vécu dans la rue, cette inattention passagère fut mise à profit.

Il se retourna en bloquant Matthew, un bras dans le dos. Faisant glisser le pantalon du jeune homme, il sourit et plongea son nez dans le cou de celui-ci.

-         Je pense bien avoir gagné, murmura-t-il doucement.

Aussitôt, il déshabilla totalement son «  partenaire » et le mit à genoux devant lui. Ce fut à ce moment que la lumière s’éteignit, marquant ainsi la fin de la représentation. Un tonnerre d’applaudissements se fit entendre. Apparemment, leur duel personnel avait été plus qu’apprécié.

 

Retournant dans les coulisses, Matthew fulminait de rage d’avoir été si lâchement humilié. Voyant que Loïc descendait les escaliers de la scène juste devant lui et lui tournait donc le dos, il en profita pour poser une main sur son épaule, l’obligeant à se retourner. Le visage de son vis-à-vis lui faisant face, il n’hésita pas une seule seconde avant de lui mettre son poing dans la figure. Sous le choc, Loïc se retrouva étalé par terre.

Khilian, qui passait par là, vit le coup de Matthew partir et Loïc se relever ensuite pour s’apprêter à riposter. Ce fut ce moment qu’il choisit pour s’interposer. De ce fait, il se prit le coup au niveau de la mâchoire. S’énervant sous la douleur, il laissa la colère d’avoir été au centre de leurs querelles l’envahir.

-         Vous n’êtes vraiment que des gamins ! S’écria-t-il. Vous feriez mieux d’aller vous habiller au lieu de vous livrer à de telles idioties dans le couloir !

Honteux l’un comme l’autre, aucun ne protesta et ils rejoignirent leurs loges en silence.

Khilian, quant à lui, était exaspéré. D’un simple geste de la main, il essuya le sang qui coulait de sa lèvre fendue. Entre le problème d’Izumi, la punition de Théo, la peur d’Axel et ce qui venait de se passer maintenant, il se sentait perdu.

Soupirant, il partit reprendre son travail, décidant de laisser à Youne, le soin de réprimander les deux jeunes imbéciles.

En ce qui le concernait, il espérait que cette soirée se terminerait bien vite. Il comptait bien aller rendre visite à Izumi après son travail et ce ne serait certainement pas les idioties des personnes de son entourage qui l’en empêcheraient.

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Lundi 18 février 1 18 /02 /Fév 14:43

Par Azalea et Sheina
Chapitre IV : On ne se comprend pas.

 

Dans sa chambre, Khilian se changeait alors que la soirée venait de se terminer. Jamais encore il n’avait vécu de journée aussi mauvaise. D’ailleurs, il avait revêtu un simple jeans et une chemise noire, voulant se montrer à l’aise devant Izumi. Il s’inquiétait de l’état du jeune homme et aller le voir avec ses vêtements de travail ne ferait que lui rappeler qu’il devrait retourner lui-même travailler dès le lendemain.

Néanmoins, alors qu’il se préparait à sortir de sa loge, la porte de celle-ci s’ouvrit. Rapidement, il aperçu Loïc faire son entrée.

-         Qu’est-ce qui t’amène ici ? Fut sa réaction immédiate.

Loïc sembla hésiter avant de parler, mais il finit par se lancer.

-         Je voulais m’excuser pour tout à l’heure. Je peux comprendre que tu te sois énervé.

Une grande qualité que Khilian reconnaissait au jeune homme était bien celle-là. A chaque fois qu’il commettait une faute, il tentait de faire au mieux pour réparer son erreur. Pourtant, ce n’était pas tant le coup qu’il avait reçu qui l’avait le plus mis en colère, mais plutôt le fait de les voir se chamailler au point d’en arriver aux mains.

-         Quand comptes-tu faire maintenant ?

Il avait été catégorique, ne voulant pas cacher ce qu’il pensait de la situation. Loïc le regarda d’un air interrogateur.

-         Ce que je veux dire, c’est que cette mésentente que Matthew et toi entretenez ne peut pas continuer. Regarde où vous en êtes arrivés ce soir.

-         C’est plus fort que moi. Je ne peux pas le supporter.

-         J’avoue que Matthew est parfois insupportable, mais il n’a pas que de mauvais côtés. Je pense vraiment que vous devriez essayer de mieux vous comprendre.

A ces mots, le jeune homme fronça les sourcils. Si par essayer de se comprendre, Khilian sous-entendait s’intéresser un peu plus l’un à l’autre, il en était tout simplement hors de question.

      -    Je n’ai aucune envie de tenter de me rapprocher d’un fils à papa prétentieux et

           capricieux comme lui !

Khilian soupira devant tant de mauvaise foi.

-         Je ne te demande pas de l’apprécier, juste de trouver un terrain d’entente pour que vous puissiez travailler ensemble dans de meilleures conditions. Si tu ne le fais pas pour toi-même, fais le au moins pour le groupe.

Evidemment, dit de cette façon, le brun ne trouvait rien à répondre. Aussi, il préféra s’aventurer sur un terrain moins dangereux.

-         Je vais y réfléchir. En attendant, je suis préoccupé… Je me pose une question fort intéressante.

Au ton provocateur employé par Loïc, Khilian laissa un sourire se dessiner au coin de ses lèvres. Il avait très bien compris que celui-ci voulait éviter de poursuivre cette discussion et il savait déjà vers quel autre sujet il voulait s’aventurer. Ce fut d’une voix tout aussi évocatrice qu’il lui répondit.

-         Et quelle est cette question ?

D’une démarche féline, Loïc s’avança vers lui.

-         Eh bien, tu ne sembles pas m’avoir complètement excusé d’avoir abîmé ton beau visage. Je me demandais ce que je pourrais bien faire pour me faire pardonner.

-         Voilà une question qui me semble effectivement pleine d’importance. Je te laisse le libre arbitre. Je me demande comment tu comptes bien t’y prendre pour mériter mon pardon.

-         Alors laisse-moi te prouver de quoi je suis capable.

Joignant les faits aux paroles, Loïc se laissa tomber à genoux devant Khilian avant de commencer à défaire la boucle de son pantalon et d’ouvrir celui-ci. Aussitôt, il pu apercevoir le sexe dressé de son vis-à-vis.

-         J’aime te voir aussi soumis. Je me demande comment réagirait Matthew en te voyant dans la même posture que celle que tu l’as forcé à prendre sur scène.

-         Ferme là !

Voulant définitivement empêcher ce genre de paroles de sortir de la bouche de Khilian, Loïc se mit en œuvre de remplacer de telles idées par le plaisir.

------------

 

A peine fut-il entré dans sa loge que Matthew envoya un violent coup de pied dans un coussin qui traînait sur le sol. Jamais il ne pardonnerait cette humiliation à Loïc. Comment avait-il seulement osé lui faire cela ? Et pourquoi avait-il fallu que Khilian intervienne au moment où il allait lui donner une bonne leçon ?

Il avait besoin de se défouler. Sans cela, il savait qu’il ne parviendrait pas à dormir correctement. Il se changea alors rapidement et décida de sortir faire un tour. Après tout, dans l’état d’énervement qu’il était actuellement, il avait vraiment besoin de se changer les idées.

Claquant la porte derrière lui, il se dirigea vers la sortie du cabaret. Mais bien vite, une voix féminine le stoppa dans son élan.

-         Je peux savoir ce que tu t’apprêtes à faire ?

-         Prendre l’air ! Ca pose un problème ?

Mais Youne était bien décidé à ne pas laisser ce jeune impertinent lui parler de la sorte. Elle n’admettait tout simplement pas qu’il puisse se comporter avec tant de désinvolture.

-         Je te préviens, Matthew, tout comme chacun ici, ta place dans ce cabaret ne tient qu’à un fil.

-         Ca vous amuse de faire du chantage ? A ce que je sache, je suis encore majeur et vacciné. Si j’ai envie de sortir m’amuser cette nuit, c’est mon droit !

-         Je suis la patronne et tu n’as pas ton mot à dire. Loïc et toi avez été trop loin ce soir ! Vous commencez sérieusement à dépasser les limites !

Plus cette femme parlait et plus Matthew sentait la colère l’envahir. Il s’apprêtait à répliquer lorsqu’une main se posa sur son épaule.

-         Calme-toi, Matthew. Tu n’es pas dans ton état normal.

Il s’était tellement échauffé qu’il n’avait même pas remarqué Maximilien s’approcher d’eux. Celui-ci était apparemment resté plus tard au bar pour aider à tout ranger et nettoyer.

L’homme reprit la parole en s’adressant cette fois à Youne.

-         Veuillez l’excuser, il s’est simplement laissé emporter. Je vais m’occuper de lui. Vous pouvez aller vous coucher tranquille.

Sur ce, il salua la patronne et obligea Matthew à le suivre jusqu’au bar où il le fit s’asseoir. Voyant qu’elle ne pouvait rien y redire, Youne tourna les talons et quitta la pièce. Une fois qu’elle fut hors de portée de leurs regards, Maximilien laissa libre cour à sa pensée.

-         A quoi jouais-tu à l’instant ? Tu veux vraiment perdre ta place ?

Accoudé, le concerné daigna à peine le regarder.

-         Et alors ? Je m’en moque totalement !

-         Tu racontes vraiment n’importe quoi !

-         Sers-moi un whisky, j’ai besoin de me changer les idées.

Maximilien sortit une bouteille et un verre qu’il remplit avant de le faire glisser sans aucune douceur jusqu’au jeune homme.

-         Si tu penses que te saouler cette nuit va tout arranger, tiens, ne te gêne pas ! Mais ne compte pas sur moi pour te ramener jusqu’à ton lit !

-         Tu fais chier, Max !

-         Et toi, tu agis vraiment comme un gamin !

Aussitôt, Matthew avala le contenu du verre d’une seule traite.

-         Je ne te permets pas ! Sers-moi en un autre !

-         Non !

-         Je ne te demande pas ton avis !

Brusquement, Maximilien sentait que cette discussion tournait petit à petit à la dispute. Il ne voulait surtout pas de cela. Il savait que le châtain avait un caractère bien trop impulsif pour qu’il se permette de tomber lui-même dans la colère. Néanmoins, il n’était pas question qu’il change d’avis.

-         Je t’ai dit non, Matthew. N’insiste pas, c’est inutile.

Il le vit alors se lever.

-         Très bien. Dans ce cas, je vais me servir moi-même.

Il fit le tour du bar et tenta d’attraper la bouteille qui avait été rangé avec soin quelques minutes plus tôt. Cette fois, c’est était trop. Pris d’un réflexe, Maximilien l’attrapa par le poignet d’une main et le gifla de l’autre.

-         Ca t’a calmé ou il t’en faut une autre ?!

Matthew ne répondit pas, mais repartit simplement s’asseoir une fois son poignet libéré.

-         Je suis désolé, murmura-t-il. Je me suis laissé emporté.

-         J’avais remarqué. Ne recommence plus ça !

A présent calmé, le jeune homme baissa la tête tout en parlant.

      -    Cette haine va finir par me tuer, dit-il.

Maximilien n’en avait pas besoin davantage pour comprendre où voulait en venir le jeune homme. Il parlait bien évidemment de Loïc. Il savait également que Matthew était d’un fort tempérament et que cela avait été dans son intérêt bien des années plus tôt. Ce n’était pas par mépris qu’il agissait ainsi, mais bien pour se protéger.

-         Il est peut-être simplement temps que tu te rendes compte à quel point vos disputes quotidiennes te rendent malheureux. Personne ne peut vivre comme il le faut dans de telles conditions.

-         Je sais qu’au fond, tu as raison, mais je ne parviens pas à garder mon calme quand il est là. J’ai déjà bien essayé de lui parler, mais c’est plus fort que moi, il finit toujours par m’énerver.

L’homme était étonné de l’entendre parler de la sorte. Pour la première fois depuis des années, Matthew lui confiait ce qu’il avait sur le cœur.

Finalement, cela laissait peut-être un espoir de voir un jour la situation entre ces deux-là s’améliorer.

------------

 

Khilian remontait tranquillement son pantalon, tandis que Loïc se léchait les lèvres. Encore une fois, ils avaient passé un agréable moment.

-         Alors, est-ce que je suis pardonné maintenant ?

Khilian sourit à cette remarque.

-         Après un tel plaisir, comment ne pas te pardonner ? Répondit-il avec un clin d’œil.

-         Si tu veux, on peut continuer ?

Cette fois, il l’arrêta alors qu’il s’apprêtait à repartir à l’attaque.

-         Pas cette fois, j’aimerais aller voir comment va Izumi et il est déjà tard.

Loïc n’était pas dupe. Il n’était pas étonné du refus de Khilian et il ne lui en tenait pas rancune. Il savait qu’il s’inquiétait énormément pour le jeune homme, surtout ces derniers temps. Il se permit alors une question.

-         Il ne va pas mieux ? Demanda-t-il.

-         Pas vraiment. Ce matin, je l’ai retrouvé dans tous ses états. Ca faisait des mois que ce n’était plus arrivé.

-         Je vois. Tu crois que quelque chose le préoccupe ?

-         Ce qui est surtout préoccupant, c’est qu’il ne me confie rien. Au final, je me rends compte que je ne connais pas grand-chose de lui.

Loïc pouvait tout à fait comprendre ce que ressentait Khilian. Après tout, il s’apercevait au fil de ses paroles que lui-même n’avait jamais vraiment cherché à connaître les autres membres du groupe. Sans aucun doute son erreur avec Matthew se situait-elle à ce niveau. Alors pour Khilian qui ne savait rien de la personne à qui il portait tout son intérêt, cela devait être particulièrement difficile à admettre.

-         Ne te décourage pas. Depuis le temps que tu es à ses côtés, il finira bien par te dire ce qui le met dans des états pareils à certains moments. Il faut juste que tu sois patient.

-         Ca fait longtemps que je patiente.

-         Peut-être, mais ce ne sont pas forcément des choses que l’on avoue facilement.

Devant l’air contrit de Khilian, Loïc préféra le laisser seul. Après tout, il ne pouvait pas lui apporter le confort dont il avait besoin dans ces moments-là.

-         Passe une bonne nuit, dit-il avant de quitter la pièce.

Sur ce, la porte se referma derrière lui.

Aussitôt, Khilian partit prendre une douche. Il ne voulait pas qu’Izumi remarque, en sentant l’odeur d’un autre sur sa peau, qu’il l’avait une nouvelle fois trahi.

Cela fait, il se dirigea tout droit vers la chambre du jeune homme. Il frappa à la porte plusieurs fois, mais personne ne lui répondit. Alors, il tourna la poignée et entra sans bruit. Son regard se posa immédiatement sur un jeune homme endormi dans son lit.

Khilian s’avança vers celui-ci et vint s’asseoir à ses côtés. Endormi, Izumi semblait beaucoup plus serein, comme si ses démons intérieurs avaient décidé de le laisser se reposer en paix l’espace d’une nuit. Pourtant, l’innocence se reflétait toujours sur son beau visage et Khilian ne pu s’empêcher de le caresser d’une main. A ce contact, il vit l’endormi commencer à doucement remuer. Deux grands yeux gris s’ouvrirent soudain.

-         Khilian… C’est toi ?

-         Oui. Je voulais savoir si tu allais mieux.

Un acquiescement lui signifia que c’était le cas.

-         Je suis rassuré. Je suis désolé de t’avoir réveillé. Ne t’occupe plus de moi, rendors-toi.

Il venait de murmurer ces mots, voyant qu’Izumi éprouvait bien du mal à garder les yeux ouverts. Pourtant, ce dernier ne semblait pas décidé à se laisser vaincre par le sommeil. Lentement, il tentait de se redresser sous les couvertures, allumant sa lampe de chevet. La lumière lui fit mal aux yeux, mais il ne s’en préoccupa pas davantage. Non, ceux-ci étaient avant tout plongés dans ceux de Khilian. Mais lorsqu’il aventura son regard sur les autres traits de son visage, il s’arrêta sur un détail et se redressa complètement.

-         Pourquoi es-tu blessé à la lèvre ?

Khilian fut surpris. Il ne s’attendait pas à ce qu’Izumi lui pose la question.

-         Ce n’est rien, dit-il. C’est simplement Loïc et Matthew qui se sont encore disputés.

Mais le blond ne répondit rien. L’étonnement de Khilian se fit encore plus grand lorsque celui-ci porta ses fins doigts jusqu’à sa lèvre pour la le lui caresser avec la plus grande douceur.

Il ne trouvait plus rien à dire. Il était simplement heureux que le jeune homme ait un tel geste à son égard. C’était si rare qu’il exprime ce qu’il ressentait de cette manière. Pour Khilian, cela équivalait à un grand pas en avant.

-         Est-ce que ça te fait mal ? Demanda-t-il en retirant finalement sa main.

Un peu déçu que ce contact soit rompu, Khilian répondit en tentant au mieux de voiler ce sentiment.

-         Non, ne t’inquiètes pas. Dans quelques jours, il n’y aura déjà plus rien.

Il se releva alors, s’apprêtant à souhaiter une bonne nuit à Izumi, mais ce dernier l’en empêcha rapidement en le tirant jusqu’à lui. Khilian le fixa alors sans comprendre.

-         Est-ce que tu veux bien dormir avec moi cette nuit ?

S’imaginant rêver, il eut du mal à croire que ce qu’il venait d’entendre était vrai. Aussi, Izumi sembla le remarquer.

-         Je suis sérieux. S’il te plait, accepte.

Sans répondre et attendri par la demande, Khilian retira ses chaussures et se glissa entre les draps. Il ignorait pourquoi Izumi lui avait demandé cela, mais rien ne pouvait lui faire plus plaisir que cette simple demande. Peut-être était-ce les mots qu’il avait prononcés plus tôt dans la journée ou la façon qu’il avait eu de le consoler. Quoiqu’il en soit, il était à présent allongé aux côtés du jeune homme qui vint immédiatement se réfugier dans ses bras.

Pourtant, lorsqu’il éteignit la lumière, quelque chose vint tout de même troubler son bonheur, une pensée qu’il aurait préféré éviter pour cette nuit. En parfait égoïste qu’il était, il dormait avec Izumi alors qu’il avait passé un agréable moment avec Loïc le même soir. Un sentiment de culpabilité le submergea. Comment pouvait-il ainsi jouer avec les sentiments de la personne qui lui était chère et qui venait de lui accorder sa confiance ? Il se dégoûtait.

Il ne pu chasser cette pensée de son esprit durant plusieurs heures durant. Ce ne fut que lorsque la fatigue prit le dessus qu’il pu finalement trouver un peu de réconfort à travers un sommeil plus que gratifiant après une telle journée.

------------

 

Le lendemain, une journée bien plus calme que celle de la veille s’annonçait. Les répétitions n’ayant lieu que plus tard dans l’après-midi, Loïc pu profiter de quelques heures supplémentaires de sommeil bien méritées.

Il décida de prendre tout son temps. Profitant d’une longue douche, ce ne fut seulement qu’après une bonne demi-heure qu’il fut prêt à quitter sa chambre pour aller déjeuner. Depuis combien de temps n’avait-il pas pris un peu de temps pour lui ?

Il pouvait encore se souvenir de sa vie dans la rue. Jamais il n’aurait pu profiter d’une matinée comme celle-ci. Là-bas, il était de règle de ne dormir que d’un seul œil. En guise de petit déjeuner, il profitait des restes de poubelles ou encore de ce qu’il avait lâchement volé dans une boutique. Maintenant qu’il y repensait, tous ces souvenirs lui semblaient bien trop lointains pour qu’il ne s’en souvienne en détails… ou peut-être désirait-il simplement les oublier.

Il sortit dans le couloir et ne croisa personne. Il n’était pourtant que dix heures du matin. Etaient-ils déjà tous levés ou avaient-ils simplement décidé de profiter à leur manière de ces quelques heures de liberté ? Ne se posant pas plus longtemps la question, Loïc se dirigea d’un pas léger jusqu’à la salle d’accueil. Mais bien vite, quelque chose attira son attention. Il s’agissait d’un morceau de piano. Jamais encore il n’avait entendu la mélodie, mais celle-ci semblait bien mélancolique. Le seul piano se trouvait près de la scène. Il décida d’aller voir qui jouait avec tant de talent.

Quand il entra dans la pièce, la musique s’intensifia. Néanmoins, la rage de voir celui qui était derrière le piano dépassa de bien loin sa surprise. Celui qui jouait si bien n’était autre que Matthew. Pourtant, malgré le dégoût qu’il ressentait, quelque chose le retint de partir.

Matthew sembla également se rendre compte de sa présence car brusquement, la mélodie changea pour devenir beaucoup plus rythmée. C’était comme si à travers elle passaient de trop grands sentiments qu’il ne pouvait exprimer d’une autre façon. Sans comprendre pourquoi, Loïc se sentait admirateur. Le jeune homme avait beaucoup de prestance. Il était vraiment très beau. Les paroles de Khilian lui revinrent alors en mémoire. J’avoue que Matthew est parfois insupportable, mais il n’a pas que de mauvais côtés. Sa colère s’estompant un peu, il s’approcha du pianiste. Mais il remarqua bien vite que plus il s’avançait vers lui, et plus le morceau que jouait celui-ci se faisait dur. Arrivé à quelques mètres de lui, la musique cessa brutalement.

-         Qui t’a permis de me regarder jouer ?!

Le ton était féroce. Matthew semblait particulièrement irrité, peut-être même plus que d’habitude. Etonnement, Loïc décida de passer au-dessus de toute cela.

-         Tu es vraiment doué.

Le concerné sembla surpris sur le coup, mais bien vite il se reprit. Il ne pouvait pas tolérer que Loïc se soit aventuré sur son territoire. Il venait de juger quelque chose qui touchait à tout son être.

-         Et qui es-tu au juste pour juger de ce qui fait un pianiste doué ? Après tout, tout le monde sait ici que si Youne ne t’avait pas accepté parmi nous, tu en serais encore à faire les poubelles ! Je n’ai que faire de l’avis de quelqu’un d’aussi minable que toi !

A ces mots, le brun serra les poings. Comme le lui avait suggéré Khilian, il venait d’essayer de s’intéresser à Matthew, et en voyait le résultat. Alors qu’il avait pris le temps de l’écouter jouer sans vouloir le juger, il se retrouvait à devoir digérer de telles paroles. Il ne les avait pas méritées et il le savait parfaitement. Il n’était donc pas question qu’il se laisse insulter de la sorte.

-         Je n’en reviens pas ! Articula-t-il avec le plus grand calme dont il était capable. Tu es tellement haineux que tu ne te rends même pas compte de ce que tu es devenu. Tu n’es rien, juste un pianiste sans âme ! Je n’éprouve plus pour toi que du dégoût !

Sur ces paroles, Loïc quitta la pièce. Matthew ne tenta rien pour le retenir. Pas même une insulte.

Ils avaient tout deux conscience qu’ils venaient de franchir une limite irréversible. Ce n’était même plus de la colère qu’ils ressentaient, juste une profonde tristesse. Ils venaient de réellement se blesser.

Matthew s’écroula sur le piano en larmes. L’indifférence était pire que n’importe quoi. Il ne le savait que trop bien.

 

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