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Frères de coeur

Lundi 10 décembre 1 10 /12 /Déc 19:46

Par Azalea et Sheina

Auteur : Azalea

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Chapitre I : Première rencontre.

 

Posant ses valises sur le sol, Ludovic laissa échapper un soupir de frustration. Alors c’était ici qu’il passerait l’entièreté de son année… Dans une chambre composée uniquement du strict minimum, à savoir de deux lits, deux armoires, deux tables de nuit et un bureau, il sentait d’avance qu’il ne se plairait pas entre les murs de sa nouvelle école. Qui le pourrait d’ailleurs ? Coupé du monde extérieur, il se sentait particulièrement dépité.

Il décida de s’asseoir sur son lit pour se reposer un peu. Porter ses bagages depuis l’entrée jusqu’ici en montant tous les escaliers qui le séparaient de sa nouvelle chambre l’avait complètement épuisé. Aussi profita-t-il de quelques minutes de répit pour mieux observer ce qui l’entourait. Ce qui l’interpella finalement et ce à quoi il n’avait pas immédiatement réfléchi fut que s’il y avait deux lits, cela voulait dire que cette chambre ne serait pas seulement la sienne. Il devrait très certainement partager cette pièce avec quelqu’un d’autre. La question qui se posait alors était encore de savoir avec qui.

Il décida finalement de s’allonger complètement sur son lit. S’il devrait vivre dans cette pièce durant toute une année, autant commencer par s’y habituer tout de suite. D’ailleurs, il ne s’étonnait même pas de la décision de sa mère quant à son placement dans cette école. Il fallait dire qu’il ne lui avait pas facilité la tâche ces derniers temps. Caractériel, il ne cessait plus de lui manquer de respect. Il lui arrivait même souvent de laisser ses nerfs prendre le dessus et il se mettait alors à casser tout ce qui se trouvait autour de lui. Sans aucun doute l’unique façon qu’il avait trouvé pour évacuer ses crises de colère quotidiennes.

Pourtant, il savait que l’institut se spécialisait dans des cas comme le sien et qu’il devrait rapidement se calmer. Il ne voulait pas risquer de sanctions et encore moins se faire remarquer par les autres pensionnaires. Non, il aspirait avant tout à la discrétion et la tranquillité.

Ce fut sur cette pensée qu’il finit par fermer doucement les yeux et à s’endormir.

------------

 

A peine avait-il fait quelques pas au sein de l’école que Terry sentait déjà tous les regards se poser sur lui. Loin d’être à l’aise face à cela, il tenta de se faire le plus petit possible et accéléra le pas. Il pouvait facilement deviner ce qu’ils devaient tous penser de lui. De par sa fine corpulence, ses cheveux blonds et la pâleur de son visage, chacun se disait déjà qu’une petite nature comme lui n’avait rien à faire dans un établissement spécialisé. Mais qu’y pouvait-il ? A présent considéré comme orphelin, un juge avait décidé de l’y placer. Terry ne savait pas qui lui avait soufflé cette idée, mais une chose était certaine, elle semblait particulièrement mauvaise. Cela faisait seulement dix minutes qu’il était entré et déjà il se sentait mal à l’aise.

Ce ne fut que lorsqu’il arriva devant la porte de la chambre qu’on lui avait attribuée qu’il se sentit un peu plus rassuré. Cependant, il fut surpris de remarquer que celle-ci était déjà ouverte lorsqu’il entra. Il se contenta en premier lieu de balayer la pièce du regard. Elle ne semblait pas très grande, mais ça lui convenait parfaitement.

C’est alors qu’il le  vit. Allongé sur un des deux lits, un jeune homme aux cheveux châtains mi-longs dormait. Sur le coup, il ne su pas comment réagir, mais bien vite, il le vit lentement remuer, signe qu’il se réveillait.

------------

 

Lorsque Ludovic ouvrit les yeux, son regard rencontra immédiatement une silhouette non loin de lui. Etourdi comme il était, il n’avait pas senti qu’il s’était endormi et avait oublié de fermer la porte à clé. Revenant donc rapidement à la réalité, il interrogea immédiatement l’individu sur sa présence ici.

-         Qui es-tu ? Et que viens-tu faire ici ?

Aussitôt, celui-ci se figea sur place, ne s’attendant certainement pas au ton froid de sa voix. Une expression de panique se dessina sur son visage, mais il répondit tout de même.

-         C’est… C’est la chambre qu’on m’a attribuée.

La voix était faible voir fragile. Il semblait à Ludovic qu’elle pouvait se briser à tout moment. Aussi décida-t-il de se montrer plus tolérant. Apparemment, le jeune homme qui se tenait face à lui était son colocataire et il serait idiot de l’effrayer dès leur première rencontre. Si tel était le cas, il n’osait imaginer ce que serait passer toute une année avec lui.

-         Je suis désolé dit-il. J’ai été surpris de te voir ici. Comment t’appelles-tu ?

Le garçon osa relever la tête qu’il avait baissée quelques minutes plus tôt pour le regarder.

-         Terry.

-         Eh bien, enchanté Terry. Je suis Ludovic.

En disant cela, il s’était levé de son lit et lui tendait à présent la main.

-         De même.

Ludovic fut étonné de constater que s’il lui avait répondu, il n’avait néanmoins pas accepté de lui serrer la main. Il ne lui en tint pas rancune. Il devait tout simplement être très timide.

Pour preuve, il lui tournait déjà le dos pour défaire ses affaires. Ludovic décida d’en faire de même.

Un lourd silence s’installa alors. Aucun d’eux ne trouvait quoique se soit à dire à l’autre et cette situation était on ne pouvait plus gênante. Ludovic prit un moment pour mieux détailler Terry. Celui-ci n’était pas bien gros. Habillé très simplement d’un jeans et d’une chemise blanche, on pouvait aisément deviner sous le tissu fin qu’il n’était pas bien robuste. Il semblait émaner beaucoup de fragilité de ce garçon. Décidemment, ce dernier semblait être totalement opposé à lui. Mais il ne s’en préoccupa pas davantage, retournant à ses occupations.

------------

 

Terry eut, l’espace d’un instant, l’impression de sentir le regard de son compagnon de chambre lui brûler la nuque. Surpris, il se retourna et vit que ce dernier se contentait de l’imiter en rangeant ses affaires. Toutefois, un détail particulier attira son attention. Un album était posé sur son lit. Il s’approcha alors et le prit dans ses mains pour y lire les titres des différentes chansons.

-         Tu aimes aussi le groupe Darkness ? Demanda subitement Ludovic, le faisant sursauter.

Il se reprit rapidement.

-         Oui, beaucoup. Je suis leur carrière depuis le début qu’ils ont commencé. Mais cet album, je ne l’ai jamais vu.

-         Normal, c’est un exemplaire spécial ! Il n’y a pas si longtemps qu’il est sorti.

-         Je comprends mieux maintenant.

Terry fut ravi de trouver un terrain d’entente entre eux. Renfermé comme il l’était, il ne pensait même pas trouver un sujet de conversation et voilà qu’ils avaient un point en commun. Il fut brusquement sorti de ses pensées par la voix de Ludovic.

-         Ca te dirait de l’écouter ? J’ai apporté mon lecteur cd avec moi.

Ce fut un grand sourire qui lui répondit.

Ils passèrent ainsi plusieurs heures à commenter les différentes chansons qui passaient, à parler de concerts ou encore tout simplement des membres du groupe. Si Ludovic ne faisait aucun commentaire, il avait pourtant remarqué que Terry se tenait à une certaine distance de lui. Il était même certain que s’il n’y avait pas eu les fils des écouteurs, il se serait encore un peu plus éloigné. Cela l’incommodait quelque peu, mais il ne préféra pas le faire savoir. Il s’était tout de suite aperçu que le blond était particulièrement renfermé, et lui faire comprendre que la distance qu’il mettait volontairement entre eux ne lui plaisait pas serait sans aucun doute le meilleur moyen pour le faire fuir davantage. De plus, il ne le connaissait que depuis quelques heures et par conséquence pas assez pour s’inquiéter d’un tel détail. Il préférait laisser les choses se faire au fur et à mesure. Terry viendrait vers lui à son rythme.

------------

 

Ce fut finalement Ludovic qui mit fin à ce moment partagé. Regardant sa montre, il s’aperçut qu’ils n’avaient pas vu le temps passer. Il était déjà l’heure du souper et leurs bagages n’étaient toujours pas rangés.

-         Nous devrions descendre au réfectoire manger, proposa-t-il.

-         Bien entendu, pars devant, je te rejoindrai après. J’ai quelques affaires personnelles à ranger avant.

Ludovic s’étonna de cette réaction.

-         Pourquoi ne pas les ranger après ? Demanda-t-il.

Son vis-à-vis sembla hésiter, mais au bout d’un moment il finit tout de même par lui répondre.

-         Je veux juste m’assurer que certains objets qui me tiennent à cœur soient rangés pour ne pas être abîmés.

Il n’insista pas plus, comprenant que chacun ait le droit d’avoir ses secrets. Si cette attitude lui semblait étrange, il ne la releva pas. Le blond semblait vouloir garder certaines choses confidentielles pour lui et il ne lui en tenait pas rigueur. Sans un mot de plus, il sortit donc de la pièce.

------------

 

La porte fut à peine fermée que Terry se précipita sur une de ses valises pour l’ouvrir et en sortir un objet. Il s’agissait d’un violon. Deux initiales étaient gravées dessus, un M et un J. S’il était certain que l’instrument avait une valeur inestimable, il était avant tout particulièrement précieux pour Terry. C’était tout simplement la seule preuve d’amour qu’il avait de lui. Doucement, il le glissa sous son lit, endroit où il espérait que personne d’autre à part lui ne le trouve.

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Ce ne fut pas sans mal que Ludovic parvint à trouver le réfectoire. L’école était tout simplement immense et il l’avait cherché pendant plus de dix minutes. Il se demandait même si Terry s’était décidé à sortir de la chambre dans le but de le rejoindre pour aller manger durant ce court laps de temps. A cette pensée, il parcourut du regard la grande pièce. Peinte dans des couleurs claires, celle-ci laissait irradier une certaine chaleur. Mais parmi tant d’élèves, il comprit bien vite qu’il ne serait pas facile de retrouver Terry s’il s’y trouvait, et inversement.

Néanmoins, il ne se tracassa pas davantage sur le sujet. Après tout, ils ne se connaissaient que depuis quelques heures, et l’année qui s’offrait à eux leur laisserait bien plus d’occasions qu’ils ne le souhaitaient de pouvoir prendre leurs repas ensemble.

Il décida donc de s’intégrer dans la file de jeunes ayant plus ou moins son âge et qui attendaient leur repas. En silence, il commença à faire preuve de patience. Mais ce silence fut très rapidement troublé par un jeune homme qui se trouvait juste derrière lui.

-         Eh ! T’es nouveau ici, toi ?! Je me trompe ?

Ludovic se retourna. Face à lui se trouvait alors un visage radieux qui laissait entrevoir énormément de gaieté. De taille moyenne, le garçon avait de courts cheveux bruns et de grands yeux noisette. Il ne doutait pas un seul instant que celui-ci devait avoir toutes les filles à ses pieds. Il se décida à répondre.

-         Oui, je suis arrivé en début d’après-midi.

Aussitôt, un sourire encore plus grand s’afficha sur le visage de son vis-à-vis.

-         Ca fait plaisir à entendre ! Tu es le premier nouveau que je croise. Les autres semblent vouloir rester cacher jusqu’au dernier moment… Ou alors ils se sont peut-être perdus dans les couloirs, ça arrive souvent !

Il s’arrêta un instant pour rire avant de reprendre plus sérieusement.

-         Je m’appelle Maxime !

-         Ludovic.

-         Ravi de te rencontrer !

-         Moi aussi.

-         Tu viens manger à la même table que moi ?

Ludovic accepta sans se forcer. Maxime semblait être un garçon gentil et débordant de joie. Lorsqu’ils furent servis et qu’ils commencèrent à parler de tout et de rien, il ne vit pas le temps passer et trouvait de plus en plus de passions communes avec le jeune homme. Tout comme lui, il aimait le rock ou les mêmes films. Il s’amusa tellement en parlant avec lui qu’il en oublia même Terry.

Mais finalement, il s’aperçut de l’heure qu’il était déjà et décida qu’il était temps de retourner dans sa chambre. Avant cela, Maxime lui demanda dans quelle classe il était.

-         En 3ème B.

Aussitôt, la déception se fit sentir dans la voix de celui-ci.

-         Dommage, je suis en 4ème A.

-         Ne fais pas cette tête, lui dit Ludovic. On se retrouvera en-dehors des cours !

-         Ouais, t’as raison ! A demain dans ce cas ?

-         Oui, à demain.

Sur ce, les deux jeunes hommes se quittèrent avec le sourire pour regagner leur chambre respective.

 

Lorsqu’il ouvrit la porte, son regard se posa immédiatement sur son colocataire. Lors du souper, il l’avait complètement oublié ! Celui-ci s’était endormi sur son lit sans même se glisser sous les couvertures. En regardant le sol, il vit que plus aucune valise n’y traînait. Apparemment, Terry avait bel et bien terminé de ranger ses affaires comme il l’avait convenu. Mais était-il seulement descendu manger ? Il n’était même pas venu le rejoindre à sa table. Dommage, il aurait pu lui présenter Maxime !

Néanmoins, ne voulant pas s’inquiéter davantage de détails sans grande importance, il se contenta de prendre une couverture de ses propres affaires et de la déposer sur les épaules du blond. Après tout, il aurait bien assez de temps libre durant les jours à venir, les cours ne reprenant que la semaine prochaine, pour faire en sorte qu’il fasse la connaissance de son nouveau camarade. Il était certain que de par le caractère social et sympathique de Maxime, ils parviendraient très certainement à bien s’entendre.

Sur cette pensée, ce fut le cœur léger qu’il se déshabilla pour enfiler un t-shirt et un bas de pyjama avant de s’installer entre les draps de son propre lit.

Cette école ne lui plaisait toujours pas. Cependant, en à peine quelques heures, il avait rencontré deux personnes qu’il appréciait déjà un peu. Maxime était très gentil et savait largement faire la conversation pour deux. Il avait tout pour devenir un ami attachant.

Quant à Terry, il semblait particulièrement renfermé et ne disait presque rien. Pourtant, Ludovic avait le sentiment que quelque chose de spécial émanait de lui. Il l’attirait d’une façon particulière, c’était indéniable. Il fallait dire que le jeune homme ne révélait pas grand-chose le concernant et il demeurait donc, pour l’instant, un mystère à ses yeux.

Il pencha la tête sur le côté pour regarder le corps étendu sur l’autre lit avant de doucement fermer les yeux.

Finalement, cette année n’allait peut-être pas être aussi ennuyante et décevante qu’il le pensait.

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Mardi 13 mai 2 13 /05 /Mai 21:16

Par Azalea et Sheina

Chapitre II : Angoisse nocturne.

 

Ludovic ouvrit les yeux en pleine nuit, réveillé par des gémissements plaintifs. Dans le noir complet de la chambre, il ne pouvait rien voir. Toutefois, il n’eut aucun mal à deviner d’où venaient les sons qu’il entendait. Il jeta un coup d’œil à son réveil qui lui indiqua qu’il n’était que tout juste trois heures du matin. Si l’autre garçon qui partageait la chambre avec lui ne cessait pas de se plaindre dans son sommeil, il voyait mal comment il parviendrait à se rendormir. C’était sans compter la fatigue qu’il emmagasinerait au moment de commencer la journée.

Ce fut donc en soupirant de frustration qu’il se redressa pour allumer sa lampe de chevet. Personne n’avait idée de réveiller les gens à une heure pareille ! Pourtant, lorsqu’il vit dans quel état s’était mis son colocataire, il chassa presque immédiatement cette pensée de son esprit. Celui-ci semblait tout simplement être au beau milieu d’un cauchemar des plus violent.

Les draps sur le sol, le corps en sueur, il s’agitait sans parvenir à lutter contre un ennemi invisible.

Ludovic ignorait ce qu’il devait faire. Comment devait-on réagir dans un cas comme celui qu’il avait sous les yeux ?

Au bout de plusieurs minutes à le voir aussi mal, il décida finalement de le réveiller, ne trouvant pas d’autre solution plus appropriée. Il s’approcha alors silencieusement de lui et posa doucement une main sur son épaule pour ne pas le brusquer. Mais sans doute n’était-ce pas le mieux à faire, car à peine eut-il ce geste que le jeune homme se redressa d’un coup, affolé comme jamais. Ludovic sursauta, mais se reprit bien vite devant l’air perdu qu’affichait son vis-à-vis.

-         Est-ce que tout va bien ? Demanda-t-il.

Au son de sa voix, le blond sembla petit à petit réaliser où il se trouvait. Ludovic patienta quelques minutes, le laissant revenir de lui-même à la réalité. Au bout d’un moment, son regard croisa le sien. Il semblait avoir honte de ce qu’il venait de se passer.

-         Je suis désolé, finit-il par murmurer.

Au ton qu’il venait d’employer, Ludovic comprit qu’il valait mieux ne pas trop l’ennuyer avec ce qu’il venait de se passer. Apparemment, il se sentait à présent très mal à l’aise par rapport à lui, ce qu’il ne tarda pas à lui faire comprendre.

-         Je t’ai réveillé. Tu devrais retourner te coucher ou tu risques de ne pas être en forme demain.

A ces paroles, il aurait pu acquiescer sans redire quoique ce soit. Mais sans savoir pourquoi, il ne retourna pas dans son lit. Il se contenta de s’asseoir sur celui du jeune homme avant de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.

-         Tu as souvent des angoisses nocturnes ?

Peut-être n’aurait-il pas dû lui demander cela, car Terry le regardait à présent sans prononcer le moindre mot comme bloqué. Il aurait dû s’en douter. Sans doute avait-il simplement fait un cauchemar dont il ne souhaitait pas lui parler, faute de ne pas suffisamment le connaître. Après tout, quoi de plus normal ? Ils ne se connaissaient que depuis la veille.

-         Je comprends que tu ne veuilles pas m’en parler, conclut-il. Ce n’est pas grave. Mais on devrait essayer de se rendormir.

Terry acquiesça à cette remarque, toujours silencieux. Il attendit alors que Ludovic s’éloigne vers son propre lit pour ramasser le drap qui traînait toujours par terre et le ramener sur lui.

Cela fait, il jeta un dernier regard au brun avant de se rallonger dans son lit et de lui tourner le dos.

La lumière s’éteignit enfin et le silence revint plus gênant que jamais. Dans son propre lit, Ludovic ne pouvait s’empêcher de laisser ses pensées vagabonder vers Terry. Il espérait simplement que cette situation ne se reproduirait pas de si tôt. Il n’osait même pas imaginer combien il serait brusquement difficile d’aborder le jeune homme alors que celui-ci semblait déjà si renfermé. Un fausset dû à la gêne venait de s’installait entre eux et il savait qu’il devrait tenter au mieux de le réduire progressivement s’il voulait que le courant passe entre eux. Il ne voulait surtout pas à avoir à passer une année entière dans une ambiance désagréable.

------------

 

Finalement, le reste de la nuit s’était plutôt bien passée. Terry ne s’était réveillé qu’au petit matin sans qu’aucun autre cauchemar ne revienne apparemment le hanter. Jamais il n’aurait pensé que ses mauvais rêves puissent réveiller son voisin de lit. A vrai dire, c’était la première fois qu’il s’apercevait qu’il remuait comme ainsi dans son sommeil. Il fallait dire que c’était également la première fois qu’on le réveillait. A cette pensée, il se sentit soudainement très gêné.

Voulant chasser de son esprit le souvenir de ce qu’il s’était passé cette nuit, il se dirigea dans la salle de bain, espérant qu’une bonne douche l’y aiderait. Mais il s’aperçut bien vite que c’était peine perdue.

Le visage de Ludovic lui revint en mémoire. A ce moment, son expression était restée indéchiffrable. Terry était incapable de dire si elle exprimait de l’inquiétude ou bien simplement de la colère d’avoir ainsi été réveillé. Qu’avait-il pensé de lui en le voyant se mettre dans un tel état ? Ses cauchemars étaient toujours très violent et apprendre qu’il les vivait la nuit en s’agitant ne le rassurait pas.

Il resta ainsi plusieurs minutes sous la douche à réfléchir. L’eau chaude qui coulait sur son corps parvenait peu à peu à le détendre, chassant au fur et à mesure du temps qui s’écoulait ses pensées désagréables.

Mais alors qu’il enfilait un jean, des coups à la porte suivis d’une voix qu’il reconnut aussitôt le firent sursauter.

-         Je ne voudrais pas te presser, mais j’aimerais bien prendre une douche moi aussi. Si tu traînes trop, on ne va pas pouvoir aller déjeuner !

A travers ces mots, Terry n’avait pu déceler aucune hésitation à aucun moment. Le ton était celui de quelqu’un de sûr de lui. Malheureusement, il ne lui répondit pas avec autant d’assurance. Il espérait alors seulement qu’il ne remarquerait pas à quel point sa voix tremblait.

-         Désolé… Je me dépêche.

Il acheva de se préparer en toute vitesse afin de céder sa place au brun qui apparemment attendait depuis déjà un moment son tour. Lorsque celui-ci le vit, il se contenta de se diriger vers la salle de bain, le frôlant au passage sans vraiment le vouloir. A ce contact, Terry se recula immédiatement sur le côté, mettant une certaine distance entre eux.

Ludovic se retourna alors sur lui, prêt à parler. A cet instant, le jeune homme comprit qu’il venait de remarquer son geste. Allait-il seulement lui signifier qu’il ne comprenait pas sa réaction et lui demander une explication ? Il retint son souffle, se préparant à entendre ce qu’il allait dire.

-         Je prends vite ma douche et puis on va déjeuner. Tu veux bien m’attendre ?

Terry s’était bien évidemment attendu à tout sauf à cela. Mais il n’était pas dupe pour autant. Il semblait que son colocataire avait volontairement évité de lui faire remarquer son comportement qui devait paraître quelque peu déplacé. Il semblait même emprunt à vouloir effacer ce qu’il s’était passé cette nuit. Pourtant, ils ne se connaissaient que depuis hier et il aurait très bien pu lui montrer que cette situation ne lui plaisait pas. Mais non. En vérité, il ne semblait même pas gêné de tout ce qu’il s’était passé en l’espace de quelques heures.

-         Comme si tout ça était normal…

Il n’avait pas pu s’empêcher de murmurer cette phrase en s’asseyant sur son lit pour attendre le brun. Il devait bien se l’avouer, celui-ci apparaissait brusquement à ses yeux comme un véritable mystère. Mais s’il avait décidé de faire comme si de rien n’était avec lui, peut devait-il alors en faire de même.

Environ dix minutes plus tard, Ludovic sortit de la salle de bain et entraîna Terry à sa suite pour aller déjeuner. Vu l’heure déjà bien avancée qu’il était, il ne devait certainement plus rester beaucoup de monde à la cafétéria. Quelque part, cela arrangeait le jeune blond.

------------

 

Lorsqu’ils arrivèrent au lieu voulu, comme prévu il ne restait pratiquement plus personne. D’ailleurs, la cuisinière qui leur servit leur repas ne se gêna pas pour leur en faire la remarque.

-         C’est à cette heure-ci qu’on arrive, les jeunes ?! Il va falloir rapidement apprendre à être un peu plus ponctuel le matin. Ici, on n’aime pas les retardataires !

A l’entendre parler avec autant de sécheresse dans la voix, on aurait pu croire qu’elle prenait un malin plaisir à remettre en cause le comportement des adolescents qui défilaient sous son nez. Ludovic dû se retenir de ne pas rétorquer quelque chose de cinglant qui aurait remis cette mégère à sa place. Il avait de la répartie. Sa mère le lui avait toujours reproché. Aussi, s’il tenait à rester le plus longtemps possible dans cette école, il allait de son intérêt de savoir se tenir correctement. Mais bien vite, il revint à la réalité en s’apercevant que Terry se dirigeait déjà vers une table sans lui.

-         Eh ! Tu pourrais au moins m’attendre ! S’exclama-t-il en rattrapant le jeune homme d’un pas rapide.

Le concerné ne prit même pas la peine de lui répondre ou même de le regarder. Non, il se contenta simplement de ralentir, lui permettant ainsi de le rejoindre. Ludovic ne ressentait pas vraiment de colère par rapport au comportement du blond. Sur le coup, il aurait pu croire qu’il ne désirait pas se coltiner sa présence au petit déjeuner, mais bien vite, il avait compris que ce dernier n’osait tout simplement pas lui adresser la parole après ce qu’il s’était passé cette nuit. Après tout, qui ne serait pas mal à l’aise d’avoir réveillé son voisin de lit à cause d’un cauchemar dès la première nuit ? Ludovic pouvait tout à fait comprendre. Cependant, s’il voulait détendre l’atmosphère avec le jeune homme, il se devait avant tout de lui en parler avec franchise. Ce fut ainsi qu’il se mit à lui parler tout en s’asseyant en face de lui.

-         C’est à cause de cette nuit que tu n’oses même pas me regarder ?

Aussitôt, Terry se cala un peu plus au fond de sa chaise, s’arrêtant même un instant de manger. A le voir brusquement se braquer, Ludovic eut un pincement au cœur. Il ne le connaissait que depuis peu, mais il voulait tout faire pour le mettre à l’aise avec lui. Il ne s’en expliquait pas les raisons. Tout ce qu’il savait, c’était que l’ambiance qui régnait entre eux devait cesser.

-         Ecoute, reprit-il. Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé cette nuit. Tout ce que j’ai pu constater, c’est que tu as fait un cauchemar et que tu as eu peur. Je ne te demande pas de me donner une quelconque explication. Tout ce que je veux, c’est que tu ne commences pas à m’éviter car tu es mal à l’aise en me voyant. Tu n’as pas à l’être.

-         Je suis désolé.

Le blond avait murmuré ces mots en gardant la tête baissée. Ludovic soupira de frustration, ce qui n’échappa pas à son vis-à-vis. Décidemment, il ne serait pas facile de le mettre un minimum en confiance avec lui.

-         Regarde-moi ! Dit-il.

Mais Terry ne semblait pas vouloir bouger le moindre muscle. Ludovic insista. Il ne devait pas abandonner. Pas maintenant ou tout serait terminé. S’il ne l’obligeait pas à lui faire face pour de bon, il ne pourrait plus espérer parvenir à quoique ce soit avec lui.

-         Terry, regarde-moi !!

Le ton était plus dur. Pourquoi donc se donnait-il autant de mal ? A mieux y réfléchir, il l’ignorait tout simplement. Finalement, il agissait parfois de façon si inconsidérée.

Toutefois, il oublia rapidement cette idée lorsqu’il vit le jeune homme qui lui faisait toujours face relever la tête pour plonger son regard dans le sien. Certes, il s’agissait de deux yeux incertains, mais ils le regardaient… Enfin.

-         Tu ne voudrais pas qu’on oublie simplement ce qu’il s’est passé cette nuit ?

Un air perdu s’affichait à présent sur le visage de son vis-à-vis.

-         Disons juste que nous sommes partis sur de mauvaises bases. Tu ne voudrais pas plutôt qu’on tente de mieux faire connaissance ? Après tout, nous partageons la même chambre tous les deux. Ce serait bête de ne pas essayer. T’en penses quoi ?

Le jeune homme sembla prendre son temps pour assimiler tout ce qu’il venait d’entendre. Pendant ce court silence qui s’installa entre eux, Ludovic détailla les traits de celui-ci. Sur son visage pâle se lisaient apparemment beaucoup d’innocence et de fragilité. Après ce qu’il s’était passé dernièrement, que devait-il en tirer ? Il semblait si méfiant à son égard qu’il ne savait même pas s’il s’y prenait bien avec lui. Choisissait-il les mots qui convenaient pour s’adresser à lui ? Ne valait-il pas mieux qu’il s’en aille pour lui laisser un peu de temps pour réfléchir à tout ce qu’il venait de lui dire ? Il s’apprêtait à ouvrir de nouveau la bouche pour lui en faire part, mais il se fit devancer.

-         Je suis d’accord.

-         Quoi ?

-         Je suis d’accord. Je veux bien reprendre tout à zéro avec toi.

A ces mots, le brun sourit. Il était parvenu à convaincre le jeune homme d’entendre raison et il s’en réjouissait sans vraiment savoir pourquoi.

Lorsqu’il jeta un œil à son vis-à-vis, il s’aperçut que celui-ci avait recommencé à manger, le laissant dans ses pensées. Cependant, il se permit, au grand étonnement du brun, une remarque dont ce dernier ne s’attendait certainement pas.

-         Tu crois que tu finiras un jour de déjeuner ? Je dis ça parce que là, c’est plutôt mal parti…

Ludovic garda le silence, trop occupé à le fixer, complètement ébahi de l’entendre tenir de tels propos. Au moins, cela lui prouvait qu’il ne lui avait pas menti en acceptant de mieux apprendre à le connaître. C’était vrai qu’il était resté très sérieux en lui faisant cette remarque, toutefois, il avait ouvert la bouche pour lui adresser la parole. Chose qu’il n’hésita d’ailleurs pas à reproduire quelques minutes plus tard.

-         Ouais, c’est ce que je disais… c’est vraiment mal parti.

Ludovic finit par revenir à la réalité quelques instants plus tard, recommençant à manger tout en lui adressant un grand sourire.

Pendant ce repas, il sentit pourtant un poids lui peser brusquement sur les épaules. Oui, il était rassuré de voir Terry lui parler même si ce n’était pas forcément souvent. Il le voyait un peu plus détendu en sa présence, tentant sans aucun doute de faire des efforts. Pourtant, ces angoisses nocturnes et cette façon si froide qu’il avait de se comporter, mettant un maximum de distance avec lui, devait-il en tenir compte ou non ? C’était la première fois qu’il voyait quelqu’un d’aussi étrange que ce garçon. Quelque part, cela suffisait à l’effrayer.

Mais il savait également que le montrer ne servirait à rien d’autre mis à part peut-être un peu plus effrayer Terry que ce qu’il ne l’était déjà. Sans doute devait-il alors attendre de voir comment évoluerait les choses entre eux. De plus, tout cela n’était peut-être que passager.

Prenant donc sur lui, ce fut dans une ambiance un peu plus détendue qu’ils continuèrent de déjeuner. Mais quoiqu’il en soit, jamais Ludovic n’aurait jusqu’alors cru que le début de leur rencontre se passerait ainsi.

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Mardi 13 mai 2 13 /05 /Mai 21:17

Par Azalea et Sheina

Chapitre III : Apprendre à se connaître.

 

Suite à la courte discussion qu’il avait eu avec Ludovic, Terry avait ressenti le besoin de se retrouver un peu seul. Il avait accepté de tout reprendre à zéro avec lui et de mieux apprendre à le connaître. Cependant, il lui faudrait sans aucun doute un certain temps avant de pouvoir s’habituer à la présence du brun à ses côtés. Mais au moins, il se sentait un peu plus rassuré en sachant qu’il n’avait plus à être gêné de ce qu’il s’était passé la nuit dernière.

C’était donc d’un pas décidé qu’il marchait dans les couloirs de l’institut. En cette journée d’été, le soleil filtrait à travers les fenêtres, réchauffant le visage du jeune homme de ses rayons. Cela aurait pu suffire à le pousser à partir à la découverte du parc qui entourait une partie de l’école. Pourtant, à ce moment précis, il avait d’autres envies en tête.

Lorsqu’il arriva enfin devant une grande porte de bois, il hésita un instant à l’ouvrir. La main sur la clinche, il pu sentir le métal froid contre sa peau. Il attendit ainsi pendant quelques secondes, décidant finalement à entrer dans la pièce. Aussitôt, une voix l’accueilli.

-         Bonjour, jeune homme. C’est rare de voir quelqu’un venir ici aussi tôt !

Terry prit le temps de détailler la personne qui venait de lui parler. Il s’agissait d’une femme âgée dont les cheveux blancs étaient attachés en un chignon. Elle avait parlé avec enthousiasme, espérant sans doute le mettre directement à l’aise. Mais pour lui, le simple fait de savoir qu’elle était une vieille femme suffisait à le rassurer. Ce fut donc d’une voix tout aussi joyeuse qu’il lui répondit.

-         Bonjour, madame. Je suis nouveau dans cette école et j’aimerais pouvoir emprunter quelques livres.

En effet, l’endroit où il se trouvait n’était autre que la bibliothèque. Celle-ci regorgeait de livres, ce qui suffisait amplement à le mettre à l’aise. Il était dans ses éléments. La seule chose qu’il avait redoutée était de devoir affronter le ou la bibliothécaire. Ne pas savoir à l’avance à qui il devrait s’adresser l’avait légèrement angoissé.

-         Ca me fait plaisir de voir que quelques étudiants s’intéressent encore à la lecture, reprit la vieille femme. Appelle-moi madame Wilson ou Suzanne, c’est comme tu le sens.

Terry sourit à ces mots. Il ne faisait aucun doute que cette femme savait s’y prendre pour mettre les gens à l’aise. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était plus senti aussi rassuré en la présence de quelqu’un d’autre.

-         Est-ce que tu veux que je t’aide à trouver un livre en particulier ?

Il revint brusquement à la réalité.

-         Ca ira, répondit-il. Je crois que je trouverai tout seul. Mais… Vous ne me faites pas de carte de membre ou quelque chose comme ça ?

Madame Wilson parut un instant surprise par la question, mais elle se reprit bien vite.

-         Une carte de membre ? Répéta-t-elle.

Elle eut un petit rire avant de reprendre.

-         Crois-moi, mon garçon. Ce ne sera pas nécessaire. Les ouvrages de cette bibliothèque sont tellement anciens et les jeunes d’aujourd’hui se désintéressent tellement de la lecture que ce ne sera pas nécessaire.

Le blond n’en était pas étonné. Qu’y avait-il de plus surprenant dans un pensionnat catholique où les élèves étaient là, pour la plupart, presque contre leur gré ? Aussi ne tenta-t-il pas d’en savoir plus. Il sourit à la femme pour ensuite s’en aller dans les diverses allées à la recherche de quelques livres pouvant attirer autant sa curiosité que son intérêt.

------------

 

Ludovic était heureux d’avoir pu améliorer en partie l’atmosphère entre Terry et lui. Toutefois, le jeune homme s’était presque immédiatement éclipsé, trouvant une excuse. Quelques derniers papiers à régler avec l’administration du pensionnat. Le brun n’en avait pas cru un mot. Néanmoins, il ne voulait surtout pas le brusquer alors qu’ils venaient de faire un pas en avant.

Quelque peu satisfait, Ludovic balaya un instant le réfectoire où il se trouvait toujours du regard sans pour autant chercher quoi que ce soit en particulier. Son repas terminé, il se rendit compte qu’il perdait son temps en restant ici. Mais alors qu’il allait se lever pour débarrasser son plateau, son regard s’arrêta sur une personne qu’il reconnut presque aussitôt. Evidemment, le concerné ne tarda pas à également le remarquer et se dirigea vers lui.

-         Tu permets que je déjeune à la même table que toi ? Demanda-t-il.

Ludovic releva la tête et un sourire se dessina automatiquement sur son visage.

-         Bien sûr, assied-toi, Maxime !

Ce dernier prit alors une chaise et s’exécuta.

-         Ravi de voir que tu te souviens déjà de mon nom !

-         Qu’est-ce que tu crois ?! J’ai une très bonne mémoire !

Enfournant presque entièrement un mini muffin au chocolat dans sa bouche, Ludovic le vit avaler la bouchée avant qu’il ne lui adresse de nouveau la parole sur un ton entraînant.

-         Alors ? dit-il. Qu’as-tu de nouveau à me raconter depuis hier ?

Le jeune homme se saisissait déjà d’un second muffin alors qu’il avait à peine terminé sa phrase. Ludovic jeta alors un coup d’œil sur son plateau et se dit qu’il devait particulièrement aimer tout ce qui était sucré vu le nombre de friandises qui s’y trouvaient. Toutefois, son esprit s’était de nouveau évadé ailleurs. Chose que sembla remarquer Maxime sans grande difficulté.

-         Tu en fais une drôle de tête ! S’exclama-t-il. Il s’est passé quelque chose ?

Ludovic hésitait à lui confier ce qui le tracassait dès le deuxième jour de son entrée dans cet établissement. Après tout, il ne connaissait pas suffisamment Maxime pour lui faire part de ce qui le tracassait. Néanmoins, quelque chose dans le comportement de son vis-à-vis le poussait tout de même à parler. Etait-ce le sourire qu’il lui adressait, son air détendu, ou peut-être simplement le regard doux qu’il posait sur lui depuis qu’ils s’étaient retrouvés ?

Le brun n’en avait pas la moindre idée. Mais ce qui était certain, c’était qu’il avait un don inexplicable pour le mettre en confiance. Ludovic décida alors qu’il pouvait lui faire part de certaines choses sans aborder la totalité du sujet, et surtout l’angoisse dont avait été victime Terry en pleine nuit, ce qui gênerait sans aucun doute ce dernier s’il l’apprenait.

Il prononça donc quelques mots à l’adresse de son vis-à-vis avec un peu de maladresse, ne sachant pas vraiment comment aborder le sujet.

-         Est-ce qu’un autre élève partage ta chambre ? Demanda-t-il.

Aussitôt, une joie sans fin traversa le regard de celui qui lui faisait face.

-         Evidemment ! Comme la plupart de ceux qui vivent ici tout au long de l’année. Il s’appelle Yanis. Je te le présenterai à l’occasion. Tu verras, il est très gentil. Bon d’accord, il est un peu étrange. En fait, il est passionné par les sciences occultes. D’ailleurs, il adore raconter des histoires effrayantes.

A cette description que venait de lui faire son nouveau camarade, Ludovic ne savait pas s’il avait vraiment envie de rencontrer ledit Yanis. Il avait toujours eu beaucoup de mal à entretenir de bonnes relations avec les personnes comme lui. Ils l’effrayaient plus particulièrement par leur apparence tout aussi étrange que leur comportement. Et il ne doutait pas une seule seconde qu’il devait être quelque peu effrayant par sa simple présence. Mais cette pensée fut rapidement chassée de son esprit lorsque Maxime reprit la parole.

-         Et de ton côté, je suppose que tu partages également ta chambre avec quelqu’un.

-         Justement…

-         Eh bien quoi ? Il n’est pas sympa avec toi ?

Ludovic prit le temps de peser ses mots avant de s’expliquer un peu mieux.

-         Disons en fait qu’il ne parle pas beaucoup et que j’ai beaucoup de mal à établir un contact avec lui.

-         Je vois. Il est du genre timide ?

-         On peut dire ça.

Son vis-à-vis resta silencieux, semblant prendre le temps de réfléchir à ce qu’il venait d’entendre. Au bout d’un moment, il finit cependant par faire part de sa réflexion personnelle.

-         Ton camarade de chambre… Il ne doit pas avoir l’habitude de vivre avec d’autres personnes, dit-il. Si ça tombe, il est fils unique et il a toujours vécu seul.

Ludovic n’avait pas envisagé cette possibilité. Pourtant, celle-ci ne lui semblait pas inintéressante. Mais pouvait-on alors affirmer que c’était le manque de ses parents qui était à l’origine de son angoisse de la nuit dernière ? Ludovic n’en était pas totalement convaincu.

-         C’est une possibilité, répondit-il, décidé néanmoins à prendre en compte ce que venait d’affirmer Maxime. Mais qu’est-ce que je suis censé faire dans ce cas ? Je ne peux tout de même pas le forcer à m’accepter.

-         T’intéresser à lui ?

Le jeune homme soupira. Le ton hésitant de son camarade ne faisait qu’installer un peu plus le doute déjà trop ancré en lui. Jamais encore il ne s’était retrouvé dans ce genre de situation. Devoir faire face à quelqu’un d’aussi mal à l’aise que Terry en sa présence le laissait sceptique. Il ne savait pas vraiment comment agir, même si ce matin, il était parvenu à faire un pas en avant vers celui-ci. C’était tout simplement frustrant.

Le voyant lui voler un petit gâteau au beurre avant de le dévorer comme pour chasser sa frustration, le jeune homme qui se tenait toujours devant lui prit une moue renfrognée.

-         Eh ! S’exclama-t-il. Tu n’étais pas obligé de te venger sur mon petit déjeuner !

Ludovic leva un regard incrédule sur lui, ne semblant ne s’être même pas aperçu de son geste. La réaction de Maxime fut alors immédiate. Le garçon partit dans un fou rire, bien vite suivi par Ludovic.

Ils finirent ainsi de manger, Maxime ne cessant brusquement plus de parler de choses insensées, dans une ambiance bien plus joyeuse qu’elle ne l’avait été quelques minutes plus tôt. Ludovic se sentait presque plus léger.

------------

 

Les heures s’égrenèrent rapidement. Les deux jeunes hommes avaient presque été chassés du réfectoire par la cuisinière qui avait prétendu que leur repas était terminé depuis longtemps et qu’ils avaient certainement d’autres choses à faire ainsi que d’autres endroits à fréquenter.

Maxime lui avait alors proposé de lui présenter Yanis, mais il avait prétendu devoir un peu mieux ranger les affaires qu’il avait apporté de chez lui, ne voulant pas avoir à le faire lorsque les cours reprendrait. Quel bon menteur il avait fait. Maxime semblait avoir avalé son mensonge sans grande difficulté. S’il savait en réalité qu’il avait prétendu cela uniquement parce qu’il détestait tout ce qui touchait à l’étrange, il n’osait même pas imaginer la tête du jeune homme.

C’était donc d’un pas soulagé qu’il marchait dans le couloir des dortoirs, en direction de sa propre chambre.

Lorsqu’il en ouvrit la porte, son regard se posa presque immédiatement sur le lit voisin au sien. Il se serait attendu à retrouver la pièce vide vu de quelle façon son colocataire l’avait fuit le matin même. Pourtant, à sa grande surprise, Terry était bel et bien là. Installé de tout son long sur son lit, il s’était empressé de se redresser en position assise en l’entendant entrer.

Ludovic n’avait aucune idée du comment il devait se comporter avec lui. Maxime lui avait un peu plus tôt suggéré de s’intéresser à lui. C’était bien beau, mais comment devait-il s’y prendre face à quelqu’un qui le fixait depuis maintenant plusieurs minutes comme s’il appréhendait le moindre de ses gestes et ce, sans pour autant prononcer un seul mot. Prenant son courage à deux mains, il décida finalement de se lancer.

-         Tu es revenu ici depuis longtemps ? Demanda-t-il en prenant grand soin de garder un ton détaché.

Terry resta silencieux quelques secondes encore avant de lui répondre.

-         Environ vingt minutes.

L’atmosphère était lourde. La réponse de son vis-à-vis lui semblait dénuée de tout intérêt. Ludovic se demandait alors s’il avait lui-même beaucoup d’intérêt à poursuivre cette conversation. Ne valait-il pas mieux abandonner toute suite ?

Il était sur le point de laisser le jeune homme en plant. Mais quelque chose le retenait de le faire sans qu’il ne puisse se l’expliquer. Terry avait fait l’effort de lui répondre et il serait malvenu de ruiner celui-ci. Ce fut sans aucun doute cette seule pensée qui l’encouragea à poursuivre.

-         Qu’est-ce que tu faisais durant tout ce temps ? Tu ne t’es pas ennuyé seul ?

Il avait prononcé les derniers mots sans vraiment réfléchir. Il se doutait bien évidemment sans mal que le jeune homme qu’il avait en face de lui devait être habitué à la solitude. Il l’imaginait mal en compagnie de plusieurs camarades en train de s’amuser. Mais il n’en montra rien.

Il vit Terry se saisir d’un objet posé à ses côtés. Il s’agissait d’un livre qu’il lui brandit sous les yeux pour qu’il puisse en lire le titre. Les oiseaux se cachent pour mourir.

Ludovic n’était pas féru de littérature. Cependant, il connaissait très bien cette histoire pour l’avoir vue en téléfilms lors de longues journées d’été en compagnie de sa mère.

-         Je ne savais pas que tu aimais lire, observa le brun. C’est une belle histoire.

Terry acquiesça.

-         Tu l’as déjà lu ? Demanda-t-il.

-         Lu, non. Par contre, je l’ai déjà vu à la télé.

Ludovic s’aperçut qu’il était parvenu à avoir toute l’attention de son vis-à-vis. Il en était simplement heureux. Ce fut d’ailleurs la voix de celui-ci qui le fit revenir à la réalité alors qu’il se plongeait petit à petit dans ses pensées.

-         Qu’est-ce que tu en as pensé ?

Il lui fallut plusieurs secondes pour saisir le sens de la question. Mais il se fit une joie d’y répondre.

-         J’aime le fait que ce soit une histoire d’amour compliquée qui se termine bien. L’auteur a su se débrouiller pour trouver une fin qui change de tout ce qu’on peut lire d’habitude. C’est juste tout aussi touchant que surprenant.

Ils laissèrent un silence s’installer entre eux. Du moins jusqu’à ce que Ludovic remarque brusquement qu’il venait de dévoiler une partie de la fin à Terry. C’était idiot. Il venait de lui couper son plaisir de la lecture en l’espace de quelques minutes. Mais alors qu’il s’apprêtait à en faire part au jeune homme, celui-ci le devança et parla avant lui.

-         Moi ce que j’admire dans cette histoire, c’est le courage des personnages à passer au-dessus des interdits pour pouvoir seulement s’aimer. Je ne crois pas que ce soit donné à tout le monde.

-         Tu connais déjà l’histoire ?

Terry acquiesça de nouveau.

-         Ma mère possédait ce livre.

-         C’est le sien ?

-         Non. C’est celui de la bibliothèque de l’école.

A ces mots, le jeune homme baissa la tête. Mais Ludovic eut le temps d’apercevoir la lueur de tristesse qu’il tentait tant bien que mal de lui cacher.

-         Ca ne va pas ? Fit-il alors remarquer.

Au simple hochement de tête qu’il reçut, il comprit rapidement que le fait d’avoir abordé le sujet de sa mère devait être douloureux pour Terry. Ludovic n’était pas dupe. Chacun possédait ses propres démons intérieurs et lui-même n’avait pas été épargné.

-         Tu sais, dit-il. Si parler de certaines choses n’est pas facile pour toi, il suffit juste de me le dire. Je peux parfaitement comprendre.

Voyant que le blond s’obstinait à garder la tête baissée comme cela avait été le cas ce matin, Ludovic décida de se livrer un peu plus. Après tout, il ne s’était pas non plus vraiment ouvert à lui lorsqu’il y repensait sérieusement. Alors peut-être qu’en se livrant un peu, Terry se sentirait davantage à l’aise en sa compagnie.

Il pesa ses mots quelques instants avant de parler.

-         Je n’ai pas non plus que des souvenirs heureux, confia-t-il alors. Mon père est mort il y a de cela presque un an et j’entretiens une relation conflictuelle avec ma mère. C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis ici.

Cela sembla avoir un certain effet sur Terry. Celui-ci attendit un peu, mais il daigna enfin relever la tête pour plonger son regard dans celui de son vis-à-vis. Ludovic se sentit alors comme hypnotisé par ces deux yeux d’un vert profond mais au travers desquels il pouvait y lire une fragilité sans fond. Il en fut troublé à un tel point qu’il se demanda même si ce n’était pas la pitié qui l’avait poussé à se confier comme il venait de le faire. Il espérait bien que non. Jamais il n’aurait voulu qu’on en ait pour lui, et ce fut sans aucun doute ce qui le poussa à éloigner cette idée de son esprit.

Un silence omniprésent mit durant un long moment les deux jeunes hommes mal à l’aise. En conséquence, Ludovic n’avait de cesse de se plonger dans ses pensées. Ce fut la voix de Terry qui le ramena finalement à la réalité au bout de quelques minutes.

-         Tu ne voudrais pas qu’on écoute tes autres cd ?

Le brun n’était pas dupe. Il savait que la demande du jeune homme qui lui faisait toujours face n’était qu’une façon comme une autre de changer de sujet. Pourtant, il sourit. Il avait conscience que celui-ci aurait très bien pu préférer l’option de la fuite, mais il n’en était rien. Il restait là à le regarder simplement, attendant certainement un signe de sa part, juste une parole qui le mettrait plus en confiance qu’il ne l’était actuellement. C’était l’impression qu’avait Ludovic en l’observant le fixer ainsi. Il n’était pas très doué pour discerner les sentiments des gens et il ne connaissait rien en matière de psychologie, mais Terry lui donnait la juste impression de se méfier de tout le monde. Il ne serait pas étonné s’il lui annonçait qu’il cachait une blessure quelconque en lui derrière tant de méfiance.

Mais tout aussi inconsciemment, c’était sans doute lui qui ne se sentait pas prêt à l’aider. Pas tout de suite. Ils étaient loin de se connaître suffisamment pour cela. Il préféra donc simplement prendre rapidement la parole.

-         Qu’est-ce que tu veux écouter ?

-         Qu’est-ce que tu as à me proposer ?

Aussitôt, Ludovic se dirigea vers sa table de nuit où y était entassée une petite pile de cd.

-         Nirvana. Nickelback… 30 Seconds To Mars… Et j’en passe.

Silence. Du moins pas pour très longtemps.

-         Nirvana.

Quelques secondes plus tard, il sortait son lecteur cd tandis que le blond s’installait sur son lit, attendant avec incertitude qu’il en face de même. Le regard de méfiance qu’il lui jeta n’échappa pas à Ludovic et ce fut ce qui le poussa à mettre la même distance qu’il y avait entre eux lorsqu’ils avaient écouté ensemble la voix à la fois grave et éraillée du chanteur de Darkness. Cela sembla un peu détendre Terry même s’il restait toujours sur ses gardes.

Lorsqu’il pressa enfin le bouton play du petit appareil, il s’assura simplement que le jeune homme à ses côtés entendait correctement. Après quoi, plus aucune parole ne fut échangée entre eux deux. Seule la musique berçait leurs esprits.

Cependant, sans qu’il ne puisse se l’expliquer, Ludovic laissa ses pensées vagabonder tranquillement. Qu’est-ce qui le poussait à agir ainsi avec le blond ? Etait-ce vraiment le fait de vouloir une bonne entente avec celui qui partageait la même chambre que lui qui faisait en sorte qu’il se montre si gentil ? Brusquement, il se sentait assailli par le doute. Après tout, s’il y avait un quelconque problème, il lui suffisait juste de demander à changer de chambre auprès de la direction. Les cours n’étaient pas encore commencés et il n’aurait aucun mal à faire accepter sa demande. Mais il n’en faisait rien. Parce que Terry n’avait rien de menaçant pour lui ?

Seigneur, quel hypocrite il faisait. Il le sentait simplement blessé et fragile. Si fragile qu’il en avait peur mais qu’il n’osait toutefois fuir.

Lorsqu’il posa son regard sur lui, il le vit appuyé dos contre le mur, visage baissé. Quand il y repensait maintenant, en peu de temps, il était tout de même parvenu à l’approcher un peu et celui-ci ne l’avait pas fuit cette fois. Il était resté et se tenait à côté de lui, même si c’était avec un certain écart. Il serait stupide de briser avec autant de facilité le peu de choses que cela devait représenter pour le jeune homme.

Mais il restait conscient. Ce qui le poussait à agir ainsi à son égard, ce n’était pas la gentillesse.

Publié dans : Frères de coeur
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